Hors Ligne Membre Inactif depuis le 09/07/2024 Grade : [Légende] Inscrit le 13/03/2004 | Envoyé par kakkhara le Vendredi 28 Juin 2013 à 20:35 Deux personnes qui me contredisent sur le vocabulaire de Zola. Là c'est moi qui suis "choqué" (franchement, pour quelqu'un qui n'est pas ennuyé par les descriptions, lire Zola, ça passe tout seul sans avoir à se poser demander "mais que signifie ce mot?"). Ou alors, ça vient de moi (et de mon père, grand fan de Zola également, il n'a pas l'air de penser que c'est compliqué à lire). Ouais enfin "avoir du vocabulaire", ça veut pas dire utiliser des mots que personne ne connaît. Des mots inutiles comme gibbeuse, squameux ou fuligineux, c'est réservé à de mauvais écrivains comme Lovecraft (:p). C'est pas parce que tu "as du vocabulaire" que tu utilises forcément à tour de bras des mots incompréhensibles. Utiliser le mot juste au bon moment, ça c'est plus difficile, ça demande une grand connaissance du vocabulaire, et non un dictionnaire à portée de main.
___________________ "_Je joue attirance mortelle sur mon pisteur invisible et je t'attaque avec. |
Hors Ligne Membre Inactif depuis le 03/12/2019 Grade : [Nomade] Inscrit le 28/06/2004 | Envoyé par corum le Lundi 01 Juillet 2013 à 19:04 Tiens, à propos de vocabulaire tordu :
A rebours (K-J Huysmans) Des Esseintes est un esthète vieillissant qui décide de se retirer du monde qui le désole et l'ennuie, pour se consacrer uniquement aux plaisirs de ses sens. Le roman passe donc en revue, chapitre par chapitre, les goûts décadents de Des Esseintes pour les poètes latins tardifs, les plantes hideuses, les parfums composés, Baudelaire et Poe, j'en passe et ses meilleurs. Les descriptions sont variés et bien écrites, quoiqu'un peu trop savantes, il faudrait ouvrir presqu'ouvrir un dictionnaire à chaque page. Bref, c'est un roman qui se cherche, autant dans la forme que dans le fond, constatant l'impossibilité de l'art de remplir ses promesses. Il ne restera donc à Huysmans que le catholicisme, ce qui est avouons-le assez triste. Le songe d'une nuit d'été (W. Shakespeare) Ma première comédie shakespearienne, et c'est pas mal du tout. C'est drôle de temps en temps, presque tout le temps beau, le mélange des mythologies est très réussi. Lysandre rules. J'ai tout de même trouvé la scène centrale de dispute conjugale un poil répétitive. Mais bon, c'est cool.
___________________ "car le style pour l'écrivain aussi bien que la couleur pour le peintre est une question non de technique mais de vision" Marcel Proust
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Hors Ligne Membre Inactif depuis le 29/03/2023 Grade : [Nomade] Inscrit le 10/12/2005 | Envoyé par gedat le Vendredi 23 Août 2013 à 22:38 Quelqu'un ici a lu Au Dessous Du Volcan?
Vous en avez pensé quoi?
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Hors Ligne Membre Passif depuis le 04/04/2024 Grade : [Nomade] Inscrit le 23/04/2004 | Envoyé par Borislehachoir le Dimanche 08 Septembre 2013 à 23:55 Bon alors, mes lectures des quelques derniers mois. Je me motive et j'écris ça.
Catégorie 1 : Simenon c'est toujours bon Les 13 énigmes/Les 13 mystères ( 1932 ) Plein de petites énigmes à la Hercule Poirot ; dans la première série le flic est un certain G.7, dans l'autre l'inspecteur Leborgne. On voit passer un peu de Gaston Leroux ( une énigme de chambre close ), du Conan Doyle voir du Edgar Poe ( dans les deux séries la relation détective/narrateur rappelle celle entre Holmes et Watson, ou du narrateur avec le chevalier Dupin chez Poe ) et globalement c'est pas hyper intéressant. C'est rigolo de voir Simenon faire du Conan Doyle mais on peut aussi trouver qu'il est meilleur quand il fait du simenon. Maigret et l'inspecteur malgracieux ( 1947 ) Recueil de 4 nouvelles : - La nouvelle titre est intéressante car elle introduit un personnage qu'on retrouvera dans d'autres romans de l'auteur, l'inspecteur Lognon, sorte de bon flic intelligent mais poursuivi par la poisse. Pour ce qui est de l'intrigue en revanche, elle est d'une banalité assez anesthésiante. - Le témoignage de l'enfant de coeur voit Maigret revivre son enfance par le biais d'un témoignage oculaire autour d'un meurtre que personne n'a vu et dont il ne reste aucune trace. Pour faire simple, j'ai trouvé la nouvelle complètement ratée et je ne suis pas entré du tout dans l'aspect nostalgique. - Le client le plus obstiné du monde est de loin ma favorite du recueil, l'une des meilleures nouvelles de Simenon. Un homme reste dans un bar toute une journée et laisse après son départ un cadavre. Troublant, intriguant et rempli de suspens. - On ne tue pas les pauvres types est également une nouvelle sympathique, Maigret enquêtant pour le coup sur un homme sans histoire qui va se révéler mener une double vie. Il aurait peut-être fallut un roman entier pour développer un peu plus la psychologie du personnage mais c'est pour pinailler. Maigret se trompe ( 1953 ) Une jeune femme entretenue est assassinée et tous les indices dirigent Maigret vers son amant, un riche médecin que tout le monde tient à protéger pour diverses raisons. L'affrontement entre Maigret et un médecin est chose classique ( Les vacances de Maigret ou le Chien jaune tournent autour de ce thème ), la spécificité étant ici la personnalité originale du médecin, sorte d'antithèse du commissaire qui se fout de toutes les interactions sociales et se révèle non pas immoral mais amoral : les gens ne sont que des pions à ses yeux. C'est sur le plan de l'intrigue que le bas blesse : Simenon semble avoir conscience que tout aurait pu se jouer en UNE conversation entre Maigret et le docteur et diffère celle-ci pendant plus de cinquante pages, ce qui gâche un peu l'impression laissé par un roman par ailleurs loin d'être mauvais. Maigret et le corps sans tête ( 1955 ) Maigret retrouve un tronc d'homme dans la Seine et après avoir identifié celui-ci suspecte la femme du défunt. Drôle de roman d'ambiance ou la compassion de l'auteur pour ce que la société considère comme une salope est évidente. La suspecte, femme blasée de tout qui se tape à peu près tout le monde, fait buter le commissaire lui-même. C'est aussi une des histoires ou le juge Coméliau, " l'ennemi intime de Maigret ", est le plus abject par sa psychorigidité et ou on comprend le plus facilement le mépris que lui voue le commissaire. Je suis moins convaincu par la résolution de l'intrigue, surtout qu'à partir du moment ou y avait un roux c'était clair qu'il était coupable. La boule noire ( 1955 ) Aux Etats-Unis, l'échec d'un commerçant local à l'accession d'un club prestigieux de la ville remet la vie de celui-ci en question. Bon, on comprend que l'exil américain de Simenon n'a pas forcément été facile tous les jours, j'admets ; reste que l'intrigue est vraiment inintéressante au possible, comme le personnage, comme à peu près tout ce qui se passe... Je vais pas épiloguer 107 ans : c'est mauvais, un des pires Simenon que j'ai lu avec Les rescapés du Télémaque. Maigret tend un piège ( 1955 ) Maigret cherche à coincer un serial killer et organise une souricière dans Paris. L'un des Maigret les plus connus et pourtant l'un des plus atypiques : son rythme est beaucoup plus soutenu que d'habitude ( hors certains Maigret des années 30 comme La nuit du carrefour ) et pour le coup on a affaire à un vrai thriller. J'ai bien aimé aussi le fait qu'une fois l'histoire lancée, elle fasse la part belle aux seconds rôles ( la fliquette qui désobéit à Maigret aura finalement permis de coincer le tueur, le jeune Lapointe sera également décisif et même Lognon-le-magracieux a son heure de gloire ). J'aimerais moins Maigret si tous ressemblaient à celui-là qui pourrait très bien faire un bon épisode de série américaine, mais il démontre à certains idiots la capacité de Simenon à se renouveler constamment. Les complices ( 1955 ) Un riche industriel, en voiture avec sa maîtresse, cause un accident de car dans lequel une vingtaine d'enfants trouvent la mort. Bon, celui-ci je n'ai pas du tout aimé, c'est à mon sens l'un de ces romans ou l'intrigue est parasitée par la violence de la haine anti-bourgeois de l'auteur qui pour le coup nous a concocté un héros absolument haissable sans rien pour le rattraper. Sa recherche de la compréhension du désir féminin, ses rapports avec son frère ou l'intrigue policière, rien de tout celà ne relance l'intérêt pour un salaud intégral comme lui. En cas malheur ( 1956 ) Un riche avocat raconte dans une lettre les circonstances qui l'ont rendu indirectement responsable du meurtre de sa maîtresse. Un célèbre roman de l'auteur grâce au film avec Gabin et Bardot, une sorte de version inversée de La vérité sur Bébé Donge puisqu'ici c'est l'homme qui raconte. Il y a de bonnes choses dans ce roman : la passion qui consume le narrateur, l'imprévisibilité du personnage d'Yvette ( sa maîtresse ), le rôle trouble joué par sa femme dans les coulisses... Tout celà met un peu trop de temps à décoller mais au final, c'est un roman assez fort sur l'impuissance et la destinée. Un echec de Maigret ( 1956 ) Un ancien voisin de Maigret devenu industriel fortuné lui demande de la protéger. L'industriel est assassiné peu après. Double echec du commissaire car celui-ci échouera à arrêter le coupable à la fin, il faut dire qu'au vu du portrait particulièrement violent fait de la " victime " ( en réalité un fils de pute comme on en fait peu ), il semble que le commissaire ne soit guère motivé à arrêter le coupable. C'est une drôle d'ambiance, avec pour une fois un ensemble de personnages tous suspects car tout le monde hait la victime, et on est contents aussi de voir l'assassin s'enfuir. Les dernières pages avec l'arrestation du coupable des années plus tard sont superbes. Un bon Maigret, même un peu plus que ça. Le petit homme d'Arkhangelsk ( 1956 ) La fuite de sa femme, probablement avec un de ses amants, fait réaliser à un petit homme sans histoire l'échec constitué par sa vie. Ca doit être le dixième Simenon que je critique là, au moins, et c'est le chef d'oeuvre du lot. Ca vaut le coup d'en lire dix pour lire une merveille comme ça, parce que c'est une réussite éclatante dans le style " psychologie d'un raté ". Après le départ de Gina, le narrateur voit en effet la communauté se dresser contre lui en le suspectant d'avoir assassiné sa femme volage : la victime devient le coupable et les rôles sont inversés, comme si la communauté ne voulait pas voir sa responsabilité dans la situation et se défoulait sur " le petit homme d'Arkhangelsk " pour expier ses propres fautes, petit homme qui s'enlise dans le mensonge faute d'avoir pu admettre qu'il avait été abandonné par sa femme. Les dernières lignes sont à pleurer. Très très haut dans mon top Simenon. Maigret s'amuse ( 1956 ) En vacances, Maigret s'intéresse au cas d'un binome de médecins, l'un marié à une femme assassinée, l'autre étant l'amant de la victime. L'un d'eux est forcément le coupable. Encore des médecins ? Oui, et pas les plus intéressants. L'intérêt du roman est ailleurs : Maigret n'a pas accès à l'enquête ( confiée à son adjoint l'inspecteur Janvier ) et doit se débrouiller avec les détails dans les journaux. C'est un Maigret plus léger, parfois même très drôle ( les commentaires de Mme Maigret et ses petites sorties réactionnaires sont excellents ) et qui illustre assez bien les rapports entre Maigret et ses adjoints : Maigret écrit des lettres anonymes à la police pour orienter l'enquête, en faisant attention de ne pas être vu ; après avoir arrêté le coupable, Janvier lui écrira tout aussi anonymement un " MERCI PATRON ". Une sympathique récréation. Boris, et je ferai les autres romans demain, chuis un peu fatigué là.
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Hors Ligne Membre Inactif depuis le 03/12/2019 Grade : [Nomade] Inscrit le 28/06/2004 | Envoyé par corum le Mardi 10 Septembre 2013 à 22:58 Merci Boris, intéressé pour la suite
Je vais essayer de résumer mes lectures depuis mon dernier post : Ou bien... ou bien (Sören Kierkegaard) De très très beaux essais esthétiques, la seconde partie est parfois chiante, et parfois m'a échappé. Bonne lecture, même si beaucoup de choses m'ont échappé. Essais I (Montaigne) Très sympathique, souvent intéressant, et même quand ça ne l'est pas, le ton badin qu'adopte Montaigne fait qu'on lui pardonne sans soucis. L'Odyssée (Homère) Chef d’œuvre, peut-être un peu en dessous de l'Iliade, mais bon... La littérature et le mal (Bataille) C'est vraiment pas très bon à mon avis, et je déteste la façon dont c'est écrit. Enfin l'essai sur Blake est intéressant, et un ou deux autres sont à sauver. De rerum natura (Lucrèce) C'est rigolo, mais dispensable à mon avis. Ainsi parlait Zarathoustra (Nietzsche) C'est très beau, et pas clair du tout, et je suis loin d'avoir compris la moitié du texte... Difficile de donner une opinion, mais finalement le côté prédicateur de Fridriech ne m'a pas agacé. Les notes et le paratexte de mon édition (Livre de poche) sont vraiment médiocres. Nietzsche et la philosophie (Deleuze) Les deux premiers cinquièmes sont une horreur de théorisation à la con à mon humble avis. Franchement, écrire en parlant de Nietzsche que la puissance est littéralement la différentielle de la force, je comprends pas trop... Sur les parties plus facile de Nietzsche, Deleuze est meilleur, et fait ressortir les faiblesses des enchaînements logiques de son prédécesseur, sans le vouloir. Tant mieux à mon avis. Une énorme connerie est dite à un moment à mon avis, le genre de truc qui mérite une baffe. Une lecture pas si improductive, même si l'ouvrage n'est globalement pas bon du tout. La Chartreuse Parme (Stendhal) Excellent, ça se lit à une vitesse folle, les personnages ont un relief incroyable, c'est juste... beau. Un peu au dessus du Rouge et du Noir à mon avis. Cinq leçons sur la Psychanalyse (Freud) Court et très clair. La Promenade au phare (Virginia Woolf) A mon avis, chef-d'oeuvre. Woolf intuitivement parvient à opposer des choses que certains philosophes exposent avec beaucoup de lourdeur dans leurs romans... D'ailleurs... La Nausée (Sartre) Moyen. Le problème, c'est qu'il y a des moments la théorie prend vraiment le pas sur le personnage, et certaines expériences de Roquentin sonnent plus comme une illustration de Husserl par un brillant normalien que comme un ressenti authentique. Ceci dit, Sartre écrit très bien, et dépasse souvent ce stade. Tractatus logico-philosophicus (Wittgenstein) Gedat va me tuer, mais honnêtement, ce que j'ai compris du bouquin m'a plus fait rire qu'autre chose. Une certaine beauté se dégage des dernières pages tout de même, ce qui est pour le moins étonnant. Stalker (frères Strougaski) De la bonne Sf sans être un chef-d’œuvre du genre. La dialectique de la Raison (Horkheimer & Adorno) Parfois pompeux voire peu compréhensible, il n'en reste pas moins que cet essai est une assez brillante critique de la modernité, qui n'a rien à envier à un Debord à mon avis. Si les auteurs sont parfois un peu aveuglé par leurs thèses, l'essai vaut le coup pour les deux digressions littéraires, une lecture marxiste de l'Odyssée qui colle vraiment bien, comme quoi, et une comparaison entre Sade et Kant tout à fait intéressante. La philosophie dans le boudoir (Sade) Le cul est franchement pas passionnant, mais les imprécations de Dolmancé sont parfois géniales, et font montre d'une argumentation proprement diabolique, impossible à prendre au sérieux de par ses conclusions, mais difficile à prendre en défaut... Très bonne lecture. Annales (Tacite) Souvenirs de latin de terminale... très chouette lecture, on regrette les livres perdus. Une peinture pessimiste du début de l'Empire romain, aux jugements amers qui sonnent comme un appel à l'action et une défense de la liberté. La Guerre du Péloponnèse (Thucydide) LE MEILLEUR LIVRE DE CETTE LISTE. Et honnêtement, le meilleur livre qui ne soit pas de la fiction qui me soit tombé entre les mains. Thucidyde sait parfaitement sélectionner les faits pour donner un sens aux événements (le livre huit, sans doute inachevé montre assez bien le travail de sélection effectué dans le reste), a une capacité de recul étonnante, se posant non seulement en historien mais en grand penseur politique. Ses jugements sont rares, mais très précieux, si l'on excepte sa condamnation un peu haineuse de Cléon. Et les discours qui jalonnent le livre sont un exemple incroyable de la raison grecque, de cette capacité à se mettre à la place l'un l'autre, tout en permettant de montrer quels choix et quels dilemmes ont été au centre de cette guerre. Son admiration pour Périclès ne l'empêche pas de montrer que c'est la politique de celui-ci qui a aboutit aux horreurs qui jalonnent ses pages. Bref, c'est passionnant, bien écrit (la traduction de Denis Roussel est excellente, et ses notes sont parmi les meilleures que j'ai pu voir) et un engagement à la réflexion incomparable. Malheureusement, je ne saurai jamais ce que Thucydide avait à dire sur la défaite finale d'Athènes...
___________________ "car le style pour l'écrivain aussi bien que la couleur pour le peintre est une question non de technique mais de vision" Marcel Proust
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Hors Ligne Membre Inactif depuis le 14/02/2024 Grade : [Nomade] Inscrit le 03/10/2009 | Envoyé par Wizzards le Mardi 10 Septembre 2013 à 23:11 Quelqu'un aurait-il lu La nuit des temps de Barjavel ici ?
___________________ Le beau jeu, et rien que le beau jeu |
Hors Ligne Membre Passif depuis le 29/12/2023 Grade : [Modo Forum] Inscrit le 11/04/2004 | Envoyé par Talen le Mercredi 11 Septembre 2013 à 11:55 Le 10/09/2013 à 23:11, Wizzards avait écrit ... Oui moi, c'est très sympa.
___________________ "Je n'aime pas les gens qui ont des citations dans leur signature. "
_Édith Piaf |
Hors Ligne Membre Inactif depuis le 09/07/2024 Grade : [Légende] Inscrit le 13/03/2004 | Envoyé par kakkhara le Samedi 21 Septembre 2013 à 12:04 Quelqu'un aurait-il lu La nuit des temps de Barjavel ici ? Avec un peu de retard : J'ai lu ça il y a longtemps mais j'en ai gardé plutôt un bon souvenir. Une histoire romantique à la Roméo et Juliette se passant dans une civilisation à la fois futuriste et ancestrale. C'est vraiment un bon moment à passer. Des Barjavel que j'ai lu, c'est celui qui m'a laissé l'impression la plus durable, avec Ravages.
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Hors Ligne Membre Inactif depuis le 27/06/2023 Grade : [Druide] Inscrit le 31/10/2004 | Envoyé par Supter le Samedi 21 Septembre 2013 à 14:20 Le 10/09/2013 à 23:11, Wizzards avait écrit ... Le seul que j'ai lu ... quand j'étais au collège. Je ne suis pas sûr, du coup, que mon avis soit pertinent.
___________________ Autre motif d'orgueil, que d'être citoyen ! [Les citoyens] doivent travailler devant la majestueuse égalité des lois, qui interdit au riche comme au pauvre de coucher sous les ponts, de mendier dans les rues et de voler du pain.
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Hors Ligne Membre Inactif depuis le 29/03/2023 Grade : [Nomade] Inscrit le 10/12/2005 | Envoyé par gedat le Samedi 21 Septembre 2013 à 19:45 Tractatus Logico-Philosophicus - Wittgenstein (1922)
La réaction de Corum est assez typique, pour un livre qui divise autant la communauté philosophique. Pavé dans la mare qui annonce "résoudre tous les problèmes de la philosophie", il a établi son auteur comme un des penseurs les plus célèbres du vingtième siècle, idolés par certains, violemment rejeté par d'autres (je vous laisse voir cet extrait d'une interview de Deleuze pour en juger). Schématiquement, la thèse de Wittgenstein est que les problèmes philosophiques naissent d'une mauvaise compréhension de la nature du langage. Selon lui, le langage est un modèle du monde, tout comme une carte est le modèle d'un territoire. Quand on essaie de faire du langage autre chose que cet instrument descriptif, on tombe dans le non-sens, duquel émergent les traditionnels problèmes philosophiques. Par exemple, la philosophie morale essaie de produire des jugements sur la façon dont les hommes doivent se comporter, et ainsi surestime l'étendue de ce que l'on peut dire sans tomber dans l'absurde. A l'idée que la philosophie produit des propositions philosophiques, Wittgenstein lui oppose celle d'un rôle thérapeutique, le philosophe ayant pour tâche de corriger les erreurs conceptuelles résultant du mauvais emploi du langage, la tâche de description du monde étant réservé aux sciences naturelles. Paradoxalement, alors que le livre entend débarrasser la pensée de toute spéculation métaphysique obscure, il est notoirement cryptique, et fourmille de phrases à la signification douteuse, tel que ce "Le monde est tout ce qui est le cas" qui ouvre l'ouvrage. Il est également déconseillé d'en tenter la lecture sans un minimum de background sur le contexte philosophique de l'époque et la logique formelle. Cet opus de seulement 90 pages, mais qui est comme une forteresse, finit par échouer, ployant sous le poids de sa grande contradiction: pour arriver à établir une distinction entre ce que l'on peut et ce que l'on ne peut pas dire, on est obligé d'employer ce discours même qui selon Wittgenstein n'a pas de sens. D'ailleurs dans les derniers paragraphes l'auteur admet "me comprendre, c'est me rejeter", présentant le Tractatus comme une échelle à faire tomber après être arrivé en haut. Alors que faut-il garder de ce livre ovni, reconnu plus tard comme erroné par son auteur, et qui essaie de combattre l'obscurantisme en avançant lui-même voilé de phrases absconses? D'abord, reconnaître son importance historique, notamment sur le Cercle de Vienne qui en fit un étendard de la conception scientifique du monde. Ensuite, voir que les idées qu'il développe sur le statut de la philosophie seront conservées par Wittgenstein dans la partie ultérieure de son œuvre, bien qu'avec une justification différente. Enfin, le Tractatus, derrière son aspect sévère, est un livre parfois drôle, d'une manière si particulière qui est typique de Wittgenstein, et très beau. Et c'est l'aspect tragique du livre qui a échappé aux empiristes du Cercle de Vienne, lorsqu'ils l'ont incorporé dans leur pensée. Alors que ces derniers rejetaient les sujets appartenant au "non-sens" comme des enfantillages indignes de l'examen de personnes sérieuses, Wittgenstein considère que c'est cet aspect "mystique" des choses qui est le plus important. Plutôt qu'un pamphlet scientiste, le Tractatus est le constat amer que dans la division de l'entendement humain entre ce qui peut et ce qui ne peut se dire, c'est ce dernier qui au final est essentiel. Mais ça, cette page de BD le dit mieux que moi.
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Hors Ligne Membre Inactif depuis le 19/07/2016 Grade : [Modo Forum] Inscrit le 08/04/2005 | Envoyé par Johannes le Samedi 21 Septembre 2013 à 21:05 Le 21/09/2013 à 12:04, kakkhara avait écrit ... Seul Barjavel que j'ai lu, mais deux fois. Le très bon (les difficultés initiales de traduction de la langue inconnue, pour un résultat au départ assez drôle, par exemple) y côtoie des trucs un peu ridicules et pompeux (plein de détails carrément trop utopiques sur la civilisation disparue, le coup des déportés de Mars), mais au final, ça reste un excellent bouquin à mon avis.
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Hors Ligne Membre Inactif depuis le 18/05/2024 Grade : [Divinité] Inscrit le 02/07/2005 | Envoyé par EveilDuFou le Samedi 21 Septembre 2013 à 21:12 Le 21/09/2013 à 14:20, Supter avait écrit ... De même. C'était une lecture imposée. J'ai très peu de souvenirs de ce livre, je pense que je m'y remettrais après mes lectures actuelles, en attendant de passer à de longues séries types Clive Barker ou Terry Pratchett que je dois me procurer. J'ai fini de lire le cycle de l'Assassin royal récemment (il me semble que kakkhara l'a lu il y a quelques années si je ne me trompe pas). Je regrette les lenteurs de quelques tomes (notamment les livres 3 et 9 pour lesquels j'ai eu un peu de mal à rester dans l'ambiance), mais la série se lit bien.
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Hors Ligne Membre Inactif depuis le 28/02/2019 Grade : [Divinité] Inscrit le 07/11/2008 | Envoyé par JiRock le Samedi 21 Septembre 2013 à 22:30 Le lien du bas de ton post est mort, gedat, en tout cas je n'arrive pas à y accéder.
___________________ "My ancestor Toshiro used to say, 'Life is a series of choices between bad and worse'. I'm a master of making great bad choices."
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Hors Ligne Membre Inactif depuis le 03/12/2019 Grade : [Nomade] Inscrit le 28/06/2004 | Envoyé par corum le Dimanche 22 Septembre 2013 à 10:52 @gedat : je ne l'ai donc pas si mal compris ce livre^^ Même si j'ai conscience d'avoir survolé un bon nombre de difficultés, il aurait fallu que je suive un cours pour tout comprendre... Après j'admets que son point de vue sur la philosophie me semble... très restrictif, donc je ne suis pas sûr qu'un tel cours m'aurait passionné. Ceci dit, on m'a vendu les Investigations philosophiques comme beaucoup plus intéressantes, j'y jetterai sûrement un coup d’œil un jour.
Edit : et pour le point de vue sur le langage, j'ai du mal à y voir autre chose qu'une variante de la Critique de la Raison pure...
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Hors Ligne Membre Inactif depuis le 29/03/2023 Grade : [Nomade] Inscrit le 10/12/2005 | Envoyé par gedat le Mardi 24 Septembre 2013 à 23:54 Le 22/09/2013 à 10:52, corum avait écrit ... Les Philosophical Investigations sont peut-être moins empêtrées dans des paradoxes internes, mais j'ai vraiment eu l'impression qu'il répète la même chose pendant 200 pages (à savoir "La signification d'un mot, c'est son usage"). Après le livre est clairement plus facile d'accès: il ne présuppose pas de connaissance en logique et est exempt de jargonnage métaphysique; seulement Wittgenstein est toujours en train de se parler à soi-même, on suit son fil de pensée, d'une manière qui est certes fascinante mais clairement pas la plus aisée. Après pour Kant, que dire... L'ensemble de la philosophie est une suite de notes de pages à la Critique de la Raison Pure, donc... Et puis, si l'objectif est le même, il me semble que les deux emploient un angle d'attaque différent: là où Kant dit que la mauvaise métaphysique émerge de ce que l'on confond la réalité objective avec nos cadres de représentations, Wittgenstein pense qu'elle découle d'une mécompréhension de la nature du langage. Après encore une fois je ne suis pas allé au bout des cent premières pages de la critique, donc je loupe peut-être des trucs.
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