[Bazar] Magic, un sport cérébral?

Posté le Jeudi 14 Mars 2002 à 16:27 par Lestat (1541 lectures)

Cette expression très laide, mettant côte à côte deux termes en apparence opposés, reste souvent débattue.
En effet, il est difficile de définir Magic, un jeu qui ne ressemble à aucun autre, avec des termes de la langue française, pourtant si riche. Nicolas Labarre s'y est essayé avec cette expression, même si je ne peux avec assurance lui en attribuer la paternité. On a parfois décrié cette comparaison en la qualifiant de douteuse. Je m'en vais ici -avec toute la modestie qui s'impose- essayer de réhabiliter son raisonnement.

Analysons en détail cette définition.

Tout d'abord, Magic est un sport, dans le sens où on peut le pratiquer à tous les niveaux, de l'amateur au professionnel. Comme au tennis avec son classement ATP, la DCI assure constamment un classement des joueurs selon un système de points dont nombre de systèmes sont empruntés au sport (goal average, phases finales, etc.). De plus, lorsqu'on est un joueur assidu, on constate que la marge est grande entre un confirmé et un pro. Comme dans le sport top niveau, il faut s'entraîner sans cesse, souvent au sein d'une équipe (avec ses sponsors et ses maillots parfois) pour espérer atteindre le niveau qui différencie un champion d'un simple bon joueur. Et si on a le malheur de quitter la compétition trop longtemps, le fossé se creuse, et il est parfois difficile de revenir au top. Enfin, les enjeux financiers s'ajoutent maintenant pour donner à Magic son rang de sport de haut niveau. Je crois que le bridge est rentré récemment dans le cercle officiel des disciplines olympiques: à quand Magic au J.O.? ;0)

Magic est une activité éminemment cérébrale. Ici dressons un parallèle avec un proche cousin, le poker. Bien sûr, dans les deux jeux, il y a des cartes, mais la comparaison ne s'arrête pas là. Au poker, la part du bluff est énorme, celle de la chance l'est aussi. Ce sont des composantes qui, si elles ne sont bien sûres pas les seules, se retrouvent bien sûr à Magic, tout comme se retrouve l'addiction de ses joueurs pour les soirées passées à taper le carton dans une atmosphère électrique, et ce jusqu'à une heure avancée de la nuit. Reste qu'il manque souvent les pin-ups des tripots, si coutumières des films noirs des années 30. Car Magic reste -hélas- une activité à dominante masculine.

Magic s'apparente également fortement aux échecs, dans le sens où l'anticipation des coups de l'adversaire, la préparation de stratégies avant la rencontre, et la multiplicité des interactions entre les différentes pièces du jeu s'y retrouvent. Malheureusement, Magic ne bénéficie pas d'une image de marque aussi prestigieuse que celle des échecs, sûrement en raison de son aspect multicolore et bariolé, mêlant heroic-fantasy et rêve. Est-ce à dire que pour être reconnu dans le cercle fermé des jeux "sérieux" il faut cultiver une apparence austère? Magic n'aura certainement jamais la sobriété et le dépouillement des échecs et du poker, et c'est pourquoi on peut douter, à regret, qu'il acquiert jamais une réputation internationale dans l'opinion publique...

Aussi laide qu'elle soit, l'expression "sport cérébrale" est encore celle qui qualifie le mieux Magic. Car Magic est tout sauf un jeu de hasard. J'ai l'habitude de dire que Magic se compose de 1/3 de chance, 1/3 de construction de decks, 1/3 de maîtrise des règles. ce qui veut dire que pour gagner, il faut maîtriser parfaitement les deux aspects sur trois du jeu qui peuvent l'être. C'est pourquoi on retrouve toujours les mêmes joueurs à haut niveau dans la compétition: la chance existe aussi pour heureux, mais elle ne fait la différence qu'avec un adversaire qui a lui aussi, cette maîtrise du jeu indispensable pour devenir un "grand". C'est un petit qui vous le dit, avec lucidité... :0(

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