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corum

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Envoyé par corum le Vendredi 02 Janvier 2015 à 18:11


Pas de Malcolm Lowry gedat, j'ai bien aimé sans être vraiment pris dans les filets de son écriture tortueuse à souhait. Pas assez alcoolique je suppose.

17. La Cybériade (Stanislas Lem)
Nouvelles de science-fiction parfaitement hilarantes. Et pas cons du tout.

16. Le dictionnaire Khazar (Milorad Pavić)
C'est un roman trop cool sous forme de 3 dictionnaires avec des personnages stylés, comme un certain Nikon Sevast. Bien écrit, la forme est super bien exploitée. Merci Boris !

15. Aphrodite (Pierre Louÿs)
Histoire d'amour et de sexe fantasmatique et poétique dans l'Alexandrie hellénistique. Très beau.

14.Locus Solus (Raymond Roussel)
Un bouquin de drogué que je me refuse à décrire, la 4e de couverture suffit. J'ai trouvé ça très cool sans vraiment comprendre.

13. Les Métamorphoses (Ovide)
C'est de la mythologie, c'est donc cool.

12. Penthésilée (Kleist)
Pièce d'une violence et d'une tension (sexuelle ? Eros et Thanatos et tutti quanti) animale rares. Ça m'a pris aux tripes comme peu de choses...

11. Les Deux Étendards (Lucien Rebatet)
Le collabo à faire passer Céline pour un Juste écrivait tout de même très bien. Le pavé malgré tout desservi par l'idéologie visible et nauséabondes de Rebatet. Mais l'extrême beauté et vérité de certaines pages méritent tout de même qu'on en passe par là.

10. Les Vagues (Virginia Woolf)
Le moins bon des Woolf que j'ai lu, mais ça reste une claque. Cette fluidité, cette psychologie ont bien peu de pareil.

9. La Foire aux vanités (William Makepeace Thackeray)
Encore un bouquin cool. Thackeray est un petit comique, sorte de Balzac à l'anglaise ironique. Ses personnages sont ambigus à souhait, le style et les rebondissements font que ça se dévore. Bref, que du bon.

8. Roman avec Cocaine (M. Aguéev)
La psychologie de l'adolescent en révolte, sa veulerie et sa petitesse, tout éclate de vérité dans ce roman. L'histoire d'amour et la description des prises me font encore froid dans le dos.

7. Philoctète (Sophocle)
De toute les pièces de Sophocle et Euripide que j'ai lue, celle-ci est ma préférée. Je crois que les grecs rendaient la grandeur d'âme avec plus de naturel que nous ne le pouvons, et c'est ici que je l'ai le plus ressentie.

6. Chronique indiscrète des mandarins (Wu Jingzi)
Superbe roman satirique, l'intrigue est surprenante, détournée, mais tissée avec art, l'écriture est un peu froide, mais très belle. Et le sous-texte politique est d'une actualité brûlante.

5. Moby Dick (Hermann Melville)
C'est grandiose, beau, fort, violent, enivrant, terrifiant. Et beaucoup en ont parlé avec plus de talent que moi.

4. Jacques le Fataliste (Denis Diderot)
Diderot est hilarant. Diderot est intelligent. Et il vous invite à l'écouter discourir quelques heures. Sautez sur l'occasion.

3. L'Aleph (Jorge Luis Borges)
J'ai lu trois recueil de nouvelles de Borges, celui-ci est mon préférée, même si je préfère encore la première partie de Fictions. De toute façon, Borges écrit super bien, froid et dense, toujours juste, et ses idées sont vraiment excellentes.

2. Les frères Karamazov (Fyodor Dostoïevski)
J'ai chialé comme une madeleine, et je kiffe Aliocha. Sinon, c'est un classique parmi les classiques donc bon... Ah, c'est l'occasion de rappeler qu'Anna Karénine c'est admirable en tout point, et que j'aime énormément l'Idiot, bref, lisez tout ça si ça n'est pas déjà fait. Vive la sainte Russie.

1. Au bord de l'eau (Shi Nai an)
Roman d'aventure qui incarne désormais pour moi le summum de la classe et de la coolitude. C'est super bien écrit, plein de rebondissements, ça part dans tous les sens, ça se fight, ça complote, le récit est très bien construit, bref, les 1900 pages les plus courtes de ma vie. Wu Song über alles.

Edit : top essais mis à jour.

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"car le style pour l'écrivain aussi bien que la couleur pour le peintre est une question non de technique mais de vision" Marcel Proust

Dr_Z

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Envoyé par Dr_Z le Vendredi 02 Janvier 2015 à 19:02


Bon en mode corum, je vais vous faire un top 1 de mes lectures de 2014, non pas parce que j'ai peu lu (oui moins que corum, mais passons), mais surtout parce que j'ai lu beaucoup de romans du même style et que je ne sais pas comment les classer. Pour être plus précis: j'ai complété mes Jules Verne (j'ai lu notamment Un capitaine de quinze ans et l'excellent les enfants du capitaine Grant) et j'ai découvert Ken Follett. Bilan: Verne est un grand écrivain même si je trouve son capitaine de quinze un peu faible (résolution d'intrigue incroyablement inélégante, et ça voyage moins que dans ses autres romans) quoiqu'assez sympathique. Quand à Follett, je suis un peu plus mitigé, mais je compte continuer à le lire pour me faire un avis (Un monde sans fin est franchement insipide alors que les piliers de la terre est très bon). Mais sans plus attendre, voici mon top 1:

La réserve (Russel Banks)

Si quelqu'un a envie de le lire, qu'il n'hésite pas.

Le reste de ce que j'ai lu cette année me semble plus anecdotique. Il y avait entre autres le poète de Connelly qui m'a laissé un peu perplexe. Est-ce qu'une personne l'ayant lu peut m'expliquer pourquoi il s'agit du chef d’œuvre du polar vanté par certains ? Je ne suis pas un gros lecteur du genre, alors c'est peut être moi qui suis hermétique (même si je ne l'ai pas vraiment trouvé mauvais).

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Le 02/04/2020 à 15:21, Borislehachoir avait écrit ...
Tant que New ne redebarque pas nous sortir des regles de 83 pages avec 6 camps et 9 conditions de victoire cumulatives...

jokerface

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Envoyé par jokerface le Vendredi 02 Janvier 2015 à 19:29


Moby Dick je l'ai commencé pour moi et j'ai stoppé au bout de 150 pages, quelque chose comme ça.

Parce que bon, ils ont toujours pas quitté le port quoi...

Je reprendrais plus tard quand je serai motivé.

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Le 23/02/2017 à 16:10, David avait écrit ...

Mon papa me disait : "on n'écrase par les fourmis, fils"

Weeds

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Envoyé par Weeds le Vendredi 02 Janvier 2015 à 19:37


4. Jacques le Fataliste (Denis Diderot)
Diderot est hilarant. Diderot est intelligent. Et il vous invite à l'écouter discourir quelques heures. Sautez sur l'occasion.


Je confirme. Je l'ai lu au lycée comme oeuvre dans le programme de français et c'est un excellent souvenir, une de mes meilleures lectures de l'époque avec Ruy Blas de Victor Hugo. Autant dire que ce n'était malheureusement pas spontané, comme quoi des fois c'est pas plus mal de ne pas avoir le choix.

Weeds.

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Si vis pacem para bellum

Borislehachoir

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Envoyé par Borislehachoir le Vendredi 02 Janvier 2015 à 20:21


Doc : c'est vrai que Le Poète est souvent considéré comme un immense polar et tout (l'association 813 l'avait classé troisième ou quatrième polar de tous les temps), je partage assez nettement ton scepticisme. C'est un bouquin qui est efficace, qui se lit bien mais j'ai lu au bas mot cinquante polars plus convaincants. Globalement, Connelly me semble un écrivain assez surestimé, y a beaucoup de " valeurs sures " du polar qui sont en fait des baudruches (Thomas Harris, Robert Ludlum, Tom Clancy....). Après, je suis quelqu'un qui est TRES réfractaire au thriller (je préfère largement le roman noir).

Sinon je ne suis pas corum (mes cheveux m'en remercie, mon cerveau s'en excuse) et mes lectures furent moins prestigieuses. Donc ça ne sera pas un top numéroté mais plutôt quelques bouquins sortis de ouarzazate dont pas grand monde ne vous parlera si je ne le fais pas.... dont acte.

- Version originale de Bill Ballinger. Un récit raconté en deux temps : un détective cherche une femme dont il est tombé amoureux des années auparavant, il interroge les archives et les gens qui ont rencontré la demoiselle en question, et le chapitre suivant est la version " féminine " de ce qui s'est passé... et qui diffère largement des témoignages recueillis. Peut-être le plus beau roman noir que j'ai lu cette année, une merveille de construction, de tempo et une fin absolument excellente, superbement écrite aussi. Je ne résiste pas à l'envie d'en écrire un passage :

Moi ? Je ne suis rien de plus que Danny April, propriétaire de l'Agence de Recouvrement Clarence Moon. Et tout va bien.
Excepté la nuit.
La nuit, je vois une jolie femme, allongée toute nue près de moi, sur mon lit, et le chaos d'ébène de sa chevalure recouvre presque entièrement l'oreiller. Seulement, voilà le hic : elle n'a pas de visage. Ses traits sont imprécis, nébuleux et, lorsque je veux l'embrasser, ils se dispersent, se dissolvent, comme un nuage de fumée. Et j'entends hurler les sirènes de la police, et de solides épaules enfoncent la porte de ma chambre, et les flics sont là, qui m'arrêtent et m'emmènent au poste, ou ils relèvent mes empruntes digitales. [...] Et mes deux gardiens s'effacent pour me laisser entrer, et l'un d'eux me désigne la chaise électrique en s'inclinant courtoisement " Entrez, mon prince, et donnez-vous la peine de vous asseoir ". "


- Enfantasme de Georges-Jean Arnaud raconte comment une mère dépressive au bord de la folie recueille un gamin de dix ans mythomane et violent. Aucun pathos dans l'histoire (les deux personnages sont très attachés l'un à l'autre) et une ambiance fantastique très réussie vu qu'on ne sait jamais si la mère délire ou si le gamin est réel. C'est donc une très chouette histoire de deux personnes bourrées de névroses qui arrivent à se trouver pour refonder une famille.... sauf si des intrus s'en mêlent, auquel cas ils passeront un sale quart d'heure.

- Le Doulos de Pierre Vial est tout aussi réussi que son adaptation ciné par Jean-Pierre Melville, qui est sans doute une des plus fidèles adaptations que je connaisse tant à part les deux dernières pages tout est religieusement identique. A mon sens, parmi les précurseurs du roman noir français, c'est bien meilleur que du Le Breton ou du Giovanni par exemple.

- Les Carottes sont cuites de William O'Farrell a un des titres les plus cons de toute la série noire, pourtant spécialiste du renommage mongolo. Ca raconte comment un homme qui a tué sa maitresse est renvoyé un an dans le passé. Il tente de conjuguer les évènements qui ont conduit à sa déchéance et à celle de ses proches (formidable personnage de travesti dont le héros cherche à empêcher l'internement en HP). C'est hyper-touchant, très juste dans son ton et tous les persos sont très très attachants. C'est ultra-détérministe évidemment, mais j'adore.

- Harry Dickson, de Jean Ray. J'en ai lu qu'une demi-douzaine sur la pléthore de tomes existants mais j'adore. En gros, c'est toujours pareil : format court (100 pages en moyenne), Harry Dickson le détective (parfois accompagné de son fidèle Tom Wills) est confronté à un truc paranormal genre X-Files, ça vire au grand n'importe quoi aux trois quarts de l'histoire, Harry résout la situation et explique que tout était rationnel en sortant une solution " réaliste " encore plus délirante que l'explication surnaturelle. Pour l'instant mon préféré est La tête à deux sous (intrigue hyper nébuleuse sur le fond d'automates ayant appartenu à Louis XVI) mais grosse mention au Temple de fer qui doit avoir l'explication la plus WTF de l'histoire de la littérature (des extraterrestres dévoreurs d'animaux ont un crâne d'un mètre de long ? Mais ça s'explique très bien Tom ! Connaissez-vous la civilisation des aztèques ?).

- Terres à dompter de Louis l'Amour est le premier roman-western que j'ai lu. Le genre est peu connu en France, L'Amour est réputé comme étant l'un des meilleurs écrivains du genre et j'ai été très convaincu par ce livre là, mélange de western " pur " (plein de duels, des indiens, des shérifs corrompus) et de récit d'initiation (le héros a genre douze ans au début de l'histoire quand les indiens tuent son père). Ce qui est curieux c'est que le récit est assez violent mais qu'au lieu de faire l'apologie du règlement de comptes, l'Amour montre une prise de conscience rapide par son héros du fait que son talent est presque une malédiction. C'est un peu le violent malgré lui qui provoque des catastrophes tant quand il tire que quand il refuse de tirer, ça va vite, c'est bien écrit et c'est pas con du tout.

- Rendez-vous en noir de William Irish ressemble beaucoup à La Mariée était en noir du même auteur, mais je l'ai trouvé meilleur sur à peu près tous les plans. Un type se venge d'une série de personnes sans qu'on comprenne le lien entre eux (tout ce qu'on sait est que la fiancée du type est morte accidentellement). C'est toujours un peu frustrant chez Irish la construction en plusieurs temps qui se répète (1- le repérage 2 - le meurtre 3 - l'enquête policière) mais c'est rendu plus intéressant par le fait que le tueur ne vise pas les responsables mais les gens auxquels ils tiennent le plus : femme, mari, fille, maitresse... En dépit de quelques petites incohérences, c'est un bon roman (très) noir avec une intro géniale (de mémoire, c'est à peu près " il avait sept ans et elle six quand ils se connurent ; elle avait six ans et lui sept quand ils tombèrent amoureux ").

- Les guerriers silencieux de Neil Goodwin raconte comment Neil Goodwin, après en avoir longtemps voulu à son père - un spécialiste des apaches mort en cherchant la traces des derniers apaches libres après la réédition de Géronimo - retrouve ses carnets et décide de continuer son œuvre. En fait, on n'apprend que très peu de choses sur les apaches en question puisque personne n'arrive effectivement à retrouver leur trace. Sur ce point le livre est très frustrant parce qu'on s'éloigne de l'objet recherché au lieu de s'en rapprocher. En revanche, c'est très beau et très touchant de voir comment une quête folle comme celle du père Goodwin peut fasciner quelqu'un qui n'a pas voulu en entendre parler durant les décennies, et la manière dont le livre est écrit (on a les observations du père, et en-dessous Neil qui apporte des précisions par rapport à ce qu'il sait) fait qu'on a le sentiment d'un dialogue père-fils par delà la mort, dialogue qui m'a assez marqué.

- La Menace Invisible de Charles de Richter est un récit de SF français des années 30 dans lesquelles des termites décident de détruire l'humanité. Le perso principal est nul, les situations pas crédibles et la résolution bâclée. Je mets juste ce bouquin dans la liste pour deux choses : déjà l'idée des termites, et ensuite la fin qui m'a valu une crampe de rire. En gros, l'humanité décide de faire la paix voyante que les termites nous ont défoncé parce qu'on passait notre temps à se battre. La paix tient environ deux semaines avant que ça reparte comme en 40, ce à quoi Richter conclut par un monumental " Oui, l'humanité avait été sauvée. C'est dommage ".

- Outsiders de Guy Darol est une série de 80 portraits de musiciens qui n'ont pas connu de grand succès tout en étant indiscutablement originaux et créatifs. Je vais être franc, j'aime pas du tout comment Darol écrit avec son style bourré d'effets de manche, de métaphores, de pseudo-subtilités de langage qui font que c'est illisible une ligne sur trois. En revanche, j'adore les gens dont il parle (Captain Beefheart, les Shaggs, Jandek, Michael Hurley, Napoléon XIV...). Y a une magnifique galerie de zicos fêlés dans ce bouquin et qui réussit à ne jamais faire doublon avec les livres de Philippe Robert traitant parfois des mêmes figures.

- Les classiques du cinéma fantastique est ma plus grosse découverte depuis Lourcelles rayon livre sur le cinéma. Sabatier est cassant, méprisant, s'en prend à Cocteau, à Losey, à Polanski ou à Roger Corman avec une certaine mauvaise foi mais qu'est ce que ce livre peut transpirer la passion du cinéma et l'érudition, la vraie. On trouvera des articles sur Boris Karloff et sur Lon Chaney Jr, sur Terence Fisher et sur William Beaudine, sur Murnau et sur les films de monstres japonais - que Sabatier aime beaucoup -, sur des péplums italiens et sur Vincent Price. Pour ne rien gâcher, Sabatier écrit bigrement bien.

- Un tombeau pour Boris Davidovitch de Danilo Kis (vous sentez le nom qui fait genre là, on arrête les romans noirs débiles, on entre dans la grande-littérature ?). Alors moi, le post-modernisme ça me laisse circonspect neuf fois sur dix (big up à ma dernière tentative de lire un roman post-moderne suédois, au bout de soixante pages je pigeais toujours pas ce qui se passait), là j'ai suivi le trip du début à la fin. C'est une suite d'histoires avec pour fil rouge la trahison, la délation et l'absurdité. Les personnages sont soit des menteurs soit des gens qui participent à une mascarade, avec parfois de vrais personnages historiques qui interviennent (l'histoire avec les représentants du parti communiste français qui viennent constater que l'URSS n'est pas trop violente envers les religieux...). C'est pas évident évident, mais derrière toutes ces histoires il y a vraiment une forme de poésie du désespoir, un peu entre l'humour de Kundera et la vision du monde de Kafka. Je le relirai probablement sous peu.

- Blanche-Neige de Donald Barthelme est une relecture post-moderne du conte éponyme. Bon là honnêtement j'ai pas bité grand chose, les nains ont des noms à la con genre Kévin, Blanche-Neige devient spécialiste en littérature italienne contemporaine, les discussions entre nains dès la page 3 j'étais largué MAIS c'est souvent très drôle et en milieu de livre il y a une sorte de psycho-test " comprenez -vous ce qu'on vous raconte là ? " qui est totalement hilarant. Je vais tenter de poursuivre avec Le Roi dans lequel Barthelme semble avoir délire sur la mythologie arthurienne.

Boris.

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kakkhara

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Envoyé par kakkhara le Vendredi 02 Janvier 2015 à 20:49


Tiens voici quelques unes de mes très bonnes lectures 2014 :

Julian, Spin et Axis, de Robert Charles Wilson. (Canada)

Bon commençons par Spin et Axis, qui normalement sont plus connus : donc la Terre se voit entouré d'une membrane protectrice, mais à l'intérieur de laquelle le temps s'écoule 1 million de fois plus vite que dans le reste de l'univers. La question demeure, phénomène naturel ou pas, sinon qui et pourquoi?

Excellent et très ambitieux projet de science-fiction, la narration impeccable de Wilson et les explications  qui passent sans lourdeur aucune nous donnent deux romans qui se lisent très bien, avec un arrière-plan très développé.

Concernant Julian, c'est magnifiquement écrit encore une fois, souvent drôle, et c'est une fresque épique qui n'a rien à envier aux meilleurs romans d'aventure, avec un final fabuleux. De plus, le monde décrit est quand même vachement intéressant.

chowringhee, de Sankar : (Inde, écrit en bengali) : Le jeune Sankar perd son travail, mais par chance trouve un emploi dans un grand hôtel de Calcutta. Il y sera le témoin de la vie de plusieurs personnes de toute origine.

Ce roman est juste magique. On passe du rire aux larmes, on s'indigne, on s'émerveille, le merveilleux arrive sans prévenir dans la vie quotidienne, voici un conte de fée criant de réalisme, et un livre à lire absolument.

sept yeux de chat, Choi Jae-Hoon

Six invités, dans un chalet en montagne. Ils ne se connaissent pas, et ils sont bloqués par une tempête.

Livre vertigineux, écrit comme un labyrinthe sans issue, comme un thème classique et ses variations. On suit les mêmes personnages, mais subtilement différents à chaque anecdote, dans ce qui semble une suite décousue de petites histoires, mais découpée en quatre livres qui donnent sens à l'ensemble. La fin est juste merveilleuse.

La trilogie des confins, Cormac Mc Carthy

Dans les trois livres, on suit 2 adolescents qui veulent vivre une vie de cow-boy, libres de toute entrave. Mais on est à la fin de cette période, et la première guerre mondiale se profile déjà à l'horizon. L'écriture de Cormac Mc Carthy a progressé depuis le Gardien Du Verger, et tout est minimaliste, mais très facile à suivre, ce qui change agréablement, avec de grandes envolées lyriques, et des cow-boy dont les discussions pas très développées sont pourtant chargées de sens. Autant De si jolis chevaux et Le grand passage sont deux très bon livres, autant le dernier, Des Villes dans la plaine, est un pur chef d'oeuvre.

Lolita, Vladimir Nabokov : Je passe sur l'histoire, qu'on connaît tous, de ce livre choc, bien plus choquant d'ailleurs aujourd'hui que le jour de sa sortie, ce qui est suffisamment are pour être signalé. Lolita est écrit à la première personne avec un réalisme à faire peur, tellement qu'on pourrait penser voir un témoignage plutôt qu'un roman. Par ailleurs, beaucoup d'humour noir parsème ce récit qui réussit en plus l'exploit de nous faire par moment prendre en pitié le narrateur.


Voilà, pourquoi ceux-là, je ne sais pas, il aurait pu y en avoir bien d'autres, par exemple le cycle du nouveau soleil de Gene Wolfe, Paulina 1880, de Pierre-Jean-Jouve, Itinéraire d'enfance, de Dong Thu Huong, et autres, qui sont tout aussi bien que ceux évoqués ici, mais je vais me limiter ici sinon je ne m'arrêterais jamais.

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"_Je joue attirance mortelle sur mon pisteur invisible et je t'attaque avec.
_ouais, j'ai pris 1
_ok ..."


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Envoyé par badabim le Dimanche 04 Janvier 2015 à 09:05


chapeau les magiciens. ça me remet les pendules à l'heure. Morale de l'histoire : je dois recommencer à lire cette année car honnêtement l'année dernière je n'ai pas pensé à lire un seul livre.


Borislehachoir

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Envoyé par Borislehachoir le Dimanche 04 Janvier 2015 à 15:56


Le 04/01/2015 à 09:05, badabim avait écrit ...
chapeau les magiciens. ça me remet les pendules à l'heure. Morale de l'histoire : je dois recommencer à lire cette année car honnêtement l'année dernière je n'ai pas pensé à lire un seul livre.

Ce qui me semble intéressant aussi, c'est la variété de lectures. Dans le topic ciné voir celui sur la musique,beaucoup de gens s'intéressent aux mêmes choses alors que là... Et pourtant, corum et moi avons du discuter bouquins quelques fois ! (je l'ai même trainé dans une librairie à polars dont il va probablement se rappeler un petit moment)

C'est aussi là qu'on constate le vieillissement et la dé-geekisation du forum, je trouve.

Boris.

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Crutch

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Envoyé par Crutch le Dimanche 04 Janvier 2015 à 16:42


L'année dernière, j'ai lu beaucoup plus de bd que de livres, mais il y en a tout de même quelques uns qui valaient le coup:
Joseph Kessel, Sur la piste du lion (Yves Courrière) : Joseph Kessel étant un de mes écrivains favoris (lisez Les Cavaliers ,quoi!) cette biographie fleuve me semblait essentielle, vu que sa vie est difficilement dissociable de ses écrits (pour rappel, sa technique d’écriture, c'est "je voyage aux frais d'un grand journal, je fait des reportages sur le pays, puis je m'inspire de ce que j'ai vu pour écrire un roman"). En gros, Kessel est allé partout et a l'alcool festif (l'auteur s’attarde longuement sur les beuveries quasi quotidiennes de Kessel, au passage il met une branlée à Hemingway niveau descente).  C'est une vie incroyable qui est racontée, celle d'un homme qui à vu quasiment tout le 20eme siècle des premières loges. 
Une réserve, cependant: l'auteur, grand ami de Kessel, est parfois dans l'hagiographie, et trouve des circonstances atténuantes à tout ce que Kessel à fait de mal dans sa vie, de manière parfois assez aberrante.  

La voix du feu (Alan Moore)
Alan Moore, c'est le plus grand scénariste de comics depuis Stan Lee (Watchmen, V pour Vendetta, From Hell entre autres) et La voix du feu est son premier roman, un genre de tentative de psycho-histoire de Northampton, sa ville natale, de -4000 av J.C. à lui même écrivant son roman. Le livres est divisé en petits épisodes écrits à la première personne avec des époques et des personnages différents, mais des élément récurrents les font dialoguer ensemble.Bon, il faut déjà dépasser les 60 premières pages écrites sans conjugaison et suivant un homo sapiens autiste nécrophile (?) ,mais le tout est très intéressant: on passe d'un chevalier rendu athée par les croisades à un vendeur de porte-jarretelles, ou de sorcières sur le bûcher à une discussion entre cadavres de catholiques exécutés après la Conspiration des poudres (??). Un roman bizarre mais à l'écriture très puissante.

Stardust (Neil Gaiman) (Oui je ne lis que des bouquins d'auteurs de BD)
Un conte de fées tout ce qu'il y a de plus féerique, avec de l'initiation, des sorcières, des quêtes amoureuses, des princes, des traîtres... le tout délicieusement post-moderne : c'est parfaitement fidèle à la mythologie du conte de fée, mais il y a une espèce de subversion dans l’écriture, ou l'auteur montre qu'il jongle avec tout ces éléments iconiques de manière consciente, et offre au final une réflexion plutôt intelligente sur les thématiques des contes, le tout avec un respect et un plaisir évident.

Deraillé (Terry Pratchett)
Tome 35 du Disque-Monde, il est mieux que le tome 34, qui reste pour moi le pire tome de la saga, et on y retrouve Moite Von Lipwig, héros des très bons tomes 30 et 32, dans l'histoire de l'invention du chemin de fer sur le Disque Monde.
Points forts:
-Beaucoup d'interventions du Patricien Vétérini, de Vimaire et Henri Roi donc des personnages charismatiques.
-Le chemin de fer, c'est stylé, et le discours sur les progrès est sympa. 
-C'est drôle...
Points faibles:
-Mais moins drôle que d'autres de la série
-Le discours sur le fanatisme religieux est lourdingue au possible, toute les vingt pages on se tape des méchants très méchants qui font des trucs de méchants parce que c'est des fanatiques ma bonne dame. 
Donc du bien et du moins bien, c'est pas du grand Disque Monde, mais après cette purge de tome 34, un tome juste normal en sort surhaussé.

Tout Eschyle:
Une des découvertes de l'année, et parmi les plus belles pièces de théâtre que j'ai jamais lu :Elles sont toutes sublimes: on ressent toutes les émotions, et le style est incroyable.Je sais pas quoi en dire de plus. Ma préférée: Les sept contre Thèbes.

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corum

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Envoyé par corum le Dimanche 04 Janvier 2015 à 18:51


Yep, Les sept contre Thèbes c'est trop cool. Étéocle sulfate des pangolins.

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"car le style pour l'écrivain aussi bien que la couleur pour le peintre est une question non de technique mais de vision" Marcel Proust

kakkhara

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Envoyé par kakkhara le Jeudi 22 Janvier 2015 à 21:00


Bon ça fait longtemps que je ne fais que lire ici, alors voici quelques petits avis sur des livres de littérature de l'imaginaire, notamment sur des cycles commencés l'année dernière et finis en ce début d'année :

Mars ; Ben Bova (1992, Etats-Unis)

Alors que la Lune est étudiée depuis pas mal de temps, le scientifique Alberto Brumado réussit à unir les hommes politiques internationaux pour organiser et financer une mission vers Mars.

La première mission sur Mars, traitée sur un ton très réaliste, donne ici un bon roman de hard science. Les explorateurs rêvent de découverte scientifique de tout premier plan et de prix nobel, mais ils doivent faire face à une réalité bien plus prosaique.
Deux aspects principaux au récit, l'axe scientifique et l'axe psychologique. Concernant l'aspect scientifique, il n'y a pas grand chose à en dire, tout ça me paraît crédible, à moi, profane en la matière, mais je ne saurais en dire plus. L'exploration est traitée de façon minutieuse, avec les aspect vie de tous les jours en plus des expéditions, le tout passant avec un suspens bien maitrisé.
Pour ce qui est de l'aspect psychologique, il y a un travail fourni pour donner de l'épaisseur aux personnages, sur lequel je reste par ailleurs mitigé. Dans l'ensemble c'est bien fait, mais on tombe parfois dans les idées reçues ou les explications pontifiantes qui gâchent un peu l'ensemble.
Malgré tout ce livre se lit très agréablement, on a ici une belle réussite de la hard science.


Retour sur Mars ; Ben Bova (1999, Etats-Unis)

La deuxième expédition martienne, cette fois financée par des capitaux privés.

On retrouve ici les forces et faiblesses du premier, l'expédition se renouvelant cependant assez pour qu'on y trouve un intérêt aussi neuf que pour le premier livre. Si vous avez aimé le permier, lisez donc le second. Il me semble par ailleurs que la série est en cours de traduction. A noter que Ben Bova est un personnage important du courant de la hard science, il a notamment pris la suite de John W. Campbell à l'édition de la revue Analog, mais que ses travaux sont encore assez peu traduits en français.

Le livre du nouveau soleil ; Gene Wolfe (Etats-Unis)
l'ombre du bourreau, la griffe du demi-dieu, l'épée du licteur, la citadelle de l'autarque (1980/1982)

La tétralogie initiale : Sévérian est apprenti bourreau dans la guilde du même nom, dans la Citadelle. Mais lorsqu'il commet une erreur par amour pour une jolie prisonnière, il est banni et envoyé comme licteur dans une lointaine province, armé de Terminus Est, une épée d'un genre particulier.. Commence alors pour lui, qui n'a jamais quitté la citadelle, un long périple dans le monde de Teur.

Naviguant entre science-fiction et fantasy, la série du livre du nouveau soleil se passe dans un très lointain avenir. L'humanité a essaimé sur de nombreuses planètes, la lune, semble-t-il, a été colonisée (sa lueur est verte), mais sur Terre même, les anciennes technologies sont pour beaucoup oubliées, et une humanité en pleine récession vivote sous un soleil déclinant dont la lueur rougeoyante laisse voir les étoiles en plein jour. Des étrangers visitent malgré tout le planète, qui offre du coup un curieux mélange d'ancien, les épées côtoient les armes à énergie, les montures sont en fait des animaux génétiquement modifiés, filant plus vite que les anciens véhicules. La faune et la flore sont également un mélange d'espèces terrestres, extra-terrestres, et de smilodons et autres rescapés de l'ère préhistorique.

L'univers du cycle est vraiment fabuleux, d'autant qu'il ne nous est révélé que par petites touches, à la manière par exemple du Seigneur Des Anneaux, selon les situations rencontrées par les personnages, et qu'on doit souvent nous-même en deviner le sens. L'action en elle-même n'est donc pas le plus important, même si elle est bien présente. Autarque mystérieux, chef rebelle dangereux mais charismatique, personnages féminins divers et variés, androïdes, hommes-bêtes créés génétiquement pour être cantonnés à un rôle précis, personnages revenant d'entre les morts ou naviguant dans le temps, il y a dans ce livre un tel foisonnement de personnages et d'évènements qu'on a un monde d'une richesse exceptionnelle, rappelant d'une certaine manière le monde du Soleil Obscur de Philip José Farmer, sorti dans les mêmes années, mais en beaucoup plus développé.

Concernant l'écriture en elle-même, c'est du Gene Wolfe tout craché, très bien écrit donc, mais très allusif, sans qu'on ai toujours toutes les clés, donc parfois assez obscur. Parfois, comme le début du quatrième tome, ça va trop loin et on a du mal à suivre, certains passages peuvent donc paraître un peu pénible à lire. Mais dans l'ensemble, c'est un vrai plaisir.

le Nouveau Soleil de Teur (1987)

Sévérian, maintenant autarque (ne vous inquiétez pas pour le spoiler, on sait dès le début qu'il écrit son récit en tant qu'autarque dans la tétralogie initiale), part à la recherche d'un nouvel astre pour remplacer le Soleil mourant.

Le début du livre se passe dans un vaisseau spatial kafkaïen, une gigantesque nef de bois avec des ponts dans tous les sens et des voiles géantes, qui avance dans le temps et non réellement dans l'espace, gigantesque dédale obscur à l'intérieur, peuplé de créatures étranges et parfois effrayantes, en proie à la lutte entre les marins et des rebelles voulant en prendre le contrôle, dont certains sont nés à bord du vaisseau et n'ont jamais connu de planète. Ce livre est fertile en voyages temporels divers et variés, il faut s'accrocher pour tout suivre, mais il clôt en beauté un cycle très original.

Le château de la loutre, essais sur le Livre du Nouveau Soleil

Dans l'édition Denoël, on a le cycle complet édité, avec ces essais en complément. Seulement voilà, ils sont vraiment datés et de toute manière assez peu intéressants. On a par exemple un lexique des termes anciens utilisés dans le livre, chose assez inutile maintenant qu'on peut tout facilement vérifier sur internet. Bref, même si vous avez adoré ce cycle, cette lecture est tout à fait dispensable.


Spin, axis , vortex ; Robert Charles Wilson (2005, 2007, 2011, Canada)

Une nuit, les étoiles disparaissent. Une membrane entoure la Terre, à l'intérieur de laquelle le temps d'écoule cent millions de fois plus vite que dans le reste de l'univers. Qui, comment, et pourquoi, voici les questions que vont tenter de résoudre les humains dans les années suivantes.

Dans le premier volume, on assiste au phénomène en question, et la narration se fait sur deux axes, l'un, dans un futur proche le phénomène en question, l'autre à peu près une quarantaine d'année plus tard, mais en l'an 4 000 000 000 après Jésus-Christ, du coup. Ces deux axes permettent donc de suivre l'histoire du phénomène en question, de la folie qui gagne l'humanité, convaincue qu'elle va disparaître (à ce rythme, le soleil, à l'extérieur de la membrane, va « vite » mourir), et de Jason Lawton, qui va tenter de découvrir ce qu'il s'est passé, secondé par son ami et narrateur Tyler Dupree, et d'un autre côté de voir l'humanité qui s'est en quelque sorte habituée à la situation. La situation future s'éclaircira au fur et à mesure que la partie découverte se développe.
Dans le deuxième volume, on suit une génération née après le phénomène spin, à travers la quête de Lise Adams, qui, aidée par le pilote au passé douteux Türk Findley, part à la recherche de son père qui a disparu. Mais sa quête l'amène à côtoyer des quatrièmes âges, ces mystérieuses personnes recherchées par la sécurité génomique pour avoir pris le médicament martien prolongeant la vie. Le roman se passe à Port Magellan, capitale du monde d'Equatoria, planète colonisée par les hommes grâce à l'arc de l'océan indien. Lise, pour sa sécurité, doit fuir les méthodes expéditives des hommes de la sécurité génomique, et part à la recherche du docteur Dvali, qui pourrait avoir des informations sur son père. On a donc ici un livre qui fonctionne sur le principe du polar, même si on ne perd pas de vue le côté spin, avec de mystérieuses pluies de cendres à travers la planète, notamment, et l'enfant hybride Isaac.
Le troisième volume se passe très très loin dans le futur, avec Türk Findley de nouveau, qui a pris l'arc temporelle des hypothétiques. De nouveaux deux axes narratifs, le premier se passant dans une Terre en proie au réchauffement climatique de manière très inquiétante, où un policier et un médecin lisent les carnets d'un jeune adolescent, qui parle du récit imaginaire (ou non?) des aventures d'un dénommé Türk Findley dans un lointain futur, le deuxième axe étant bien sûr les aventures en question. De nouveau, le premier axe est traité sur le mode du polar, tandis que le deuxième axe tombe dans la science-fiction pure. On a ici un finale très original et magnifique de la série.

Dans l'ensemble les trois volumes couvrent la genèse, le développement et la conclusion du phénomène spin, avec en plus une envolée magnifique dans un futur bien plus lointain ou tout cela a été plus ou moins assimilé par l'humanité. Cette série réussit l'exploit de créer un thème de science-fiction fort et original, très bien écrit de surcroit, sans révélation pontifiante venant alourdir le tout, mais avec une fin dont les révélations sont très loin de déparer l'ensemble., pourtant énorme. Un chef d'oeuvre de la science-fiction, à lire absolument si vous aimez le genre, mais qui à mon sens réussit la gageure de pouvoir se lire tout à fait comme oeuvre de littérature générale.

le temps incertain, Michel Jeury (1973, France)

XXIème siècle : la chronolyse est une méthode de voyage dans le temps : en prenant une drogue particulière, on plonge dans ce qu'on appelle le temps incertain, où on peut donner vie à ses phantasmes. Daniel Diersant plonge en 1966 en état de chronolyse involontaire, et devient l'hôte tout aussi involontaire de Robert Holzach, psychronaute, qui enquête sur l'apparition étrange des sbires de l'empereur du temps incertain, Harry Krupp Hitler 1er.

Si le temps incertain et l'usage de drogue, puis les interrogations sur le réel vous fait penser à Ubik, c'est normal, d'ailleurs une citation de Philip K. Dick introduit le roman. Pour le coup, il est quand même assez rare de tomber sur un roman d'un tel accomplissement. Voyage halluciné dans un temps phantasmatique qui tourne en boucle, enquête psychédélique, ce roman est de plus magnifiquement écrit. Je ne résiste pas au plaisir d'en citer un passage à titre d'exemple :

« Il avait dix ans et c'était le premier jour des grandes vacances. Le sable tombait grain par grain d'un sablier plus haut que les montagnes violettes des pays imaginaires. Il aurait pu faire dix fois le tour de la Terre, s'arrêter à chaque brin d'herbe, compter les poissons de la mer, et le moment de retourner à l'école n'eût pas encore été là. Les matinées s'étalaient en larges flaques de temps. Les après-midi n'en finissaient pas de mourir dans la lumière du couchant. Les soirs se traînaient la gueule ouverte sur d'insondables mystères. La nuit verrouillait enfin l'obscurité et se bardait de longue peur. Daniel peinait pour s'arracher au monde. Il ne voulait pas se livrer à la nuit. Il luttait des siècles contre le sommeil qui se refermait enfin sur lui comme une mâchoire t le rejetait, étonné et ravi, au bord d'un autre jour. Après avoir pataugé sur les rives de l'enfer, il retrouvait le paradis avec une joie confiante et incrédule. Il s'échappait en criant qu'il allait voir les truites au ruisseau, les sangliers dans la forêt ou les chauves-souris dans une grotte. Il courait vers la lumière et les rêves du jour, en complet accord avec l'univers et la tête pleine de questions. Cela se passait mille siècles plus tôt. Maintenant, Daniel avait trente-quatre ans et il s'éveillait pour le premier jour des vacances. »

Je crois que ce passage plaide la cause du livre plus efficacement que je ne pourrais le faire. Grâce à l'écriture exceptionnelle, on suit tout avec une acuité jamais atteinte dans les romans de Dick, pourtant considéré comme grand maître dans son domaine. Le côté polar est particulièrement bien rendu, avec les mêmes passages tournant en boucle, où on suit avidement les différences, à la recherche d'un indice clé qui nous ferait comprendre ce monde halluciné. Voici le meilleur livre de science-fiction que j'ai lu depuis longtemps, et pourtant il y a de la concurrence.

La saga du commonwealth, l'étoile de Pandore, Peter F. Hamilton (2004, Angleterre)

Une étoile a disparu! Le commonwealth décide de créer un vaisseau spatial pour aller enquêter sur l'incroyable événement. Mais dans l'ombre, une poignée de fanatiques, persuadée que cet acte est motivé par un extraterrestre malveillant surnommé « l'arpenteur des mondes », essaye de saboter l'opération.

Une saga de space opera à l'ancienne, comme on les aime. L'humanité est reliée sur six cents planètes par des trous de ver, l'exploration spatiale a donc été complètement laissée de côté, mais la colonisation des planètes continue malgré tout. La réjuvénation permet à chacun de vivre très longtemps, les morts définitives deviennent très rares, et encore, des clones tirés à partir des dernières sauvegardes peuvent voir le jour. Rien de très original, mais quelques bonnes idées dans l'ensemble, notamment les silfens, race extraterrestre incompréhensible colonisant des mondes en passant par de mystérieux chemins dans la forêt (les elfes des scandinaves), l'ange des hauteurs, un vaisseau énorme avec une IA très développé qui cherche à étudier les humains (ce n'est pas sans rappeler les incroyables vaisseaux du cycle de la Culture), et évidemment le lot de mystères à résoudre, un vaisseau spatial extra-terrestre retrouvé vide et bien sûr la disparition de l'étoile, par exemple. Bref, rien de très nouveau dans tout ça, mais bien ficelé, ça reste toujours aussi plaisant. Un petit bémol néanmoins, les histoires avancent en parallèle mais mettent du temps à se recouper, quand elles se recoupent. Du coup, il y a un peu de passages qui tournent un peu à vide, qui sont là, comme le passage de Justine, surtout pour présenter un monde et/ou un personnage sans le faire de manière purement démonstrative, mais qui prennent de la place. Néanmoins le rythme est tout à fait honorable, et si tout ça n'a pas la portée du cycle de la Culture par exemple, ça reste un divertissement plus qu'honorable. Le concept de réjuvénation est, je trouve, très bien géré, l'univers est crédible et cohérent, le suspens est correctement maîtrisé. What else?
Bon pour l'instant je n'en suis qu'à la moitié, il y a un deuxième tome pour clore le mini cycle, et ensuite un autre cycle, donc à suivre, et il me parait assez évident que toutes les pistes vont se recouper dans le deuxième tome, mais du coup tout ça est tout de même un peu long.
 

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"_Je joue attirance mortelle sur mon pisteur invisible et je t'attaque avec.
_ouais, j'ai pris 1
_ok ..."


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Envoyé par vampire2 le Dimanche 25 Janvier 2015 à 13:07


Je viens de découvrir TQSAR, et c'est cool de mieux voir qui sont les membres du forum ^^

Des bouquins à vous conseiller (je ne suis qu'un élève en Terminale, et je ne lis pas de livre aussi réfléchi que ceux qui sont énoncé ci-dessus )?

- Game of throne. Les intrigues sont amusantes à suivre, et je trouve le livre bien écrit (j'ai lu les sept premiers tomes cette année ).
-La saga d'Ender (que je trouve tout bonnement excellente )
-La saga d'Elric (avec un style d'écriture assez proche de celui de GoT, j'ai l'impression (vocabulaire recherché, etc... ) même si le genre est différent.

Pour cette année, j'aimerai bien finir Ainsi parlait Zarathoustra et lire du Bourdieu. (je n'ai pas vraiment accroché au livre de Nietzsche, je le trouve difficile à lire ... )

Bonne année à tous

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Envoyé par corum le Dimanche 25 Janvier 2015 à 15:13


GoT reste une bonne distraction même si certains côtés m'agacent. Pareil pour Moorcok, j'ai pas de mauvais souvenirs (cf mon pseudo^^). Ender je trouve ça un peu moyen, je pense que plus jeune j'aurais plus aimé. Je suis tenté de t'orienter vers le début du cycle Fondation et... tout plein de SF pour le coup.
Sinon Nietzsche à 17 ans, ça n'a rien d'étonnant (sans mépris aucun, je suis passé par cette phase-là, c'est autre chose que la phase Ayn Rand quand même), mais je pense que c'est un auteur beaucoup plus difficile que sa réputation. En plus, Zarathoustra je trouve ça à la limite du compréhensible, surtout sans bien connaître le reste de son œuvre. Attaquer la philo par Platon - pas la République, mais plutôt l'Apologie, le Banquet, ou le Gorgias -, Descartes, Épicure, Sénèque, Montaigne ou Hume selon tes goûts me semble plus raisonnable.
Bourdieu c'est pas facile non plus, mais jette un œil, ça ne fait pas de mal.

Sinon je recommande très chaudement aux amateurs de SF et de PKD en particulier le Dieu venu du Centaure. Génial.

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Crutch

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Envoyé par Crutch le Dimanche 25 Janvier 2015 à 20:06


En Moorcock , j'ai lu Mother London, qui parle de télépathes londoniens qui vivent leur vie tranquilles de 1940 à 1985. Il ne se passe absolument rien de spécial lié à leurs pouvoirs ou on ne sait quoi. C'est juste des gens bizarres mais sympas qui sont potes. J'ai beaucoup aimé.
Et Elric c'est très stylé.
En SF pas du tout Dick pour le coup, j'avais lu une serie qui s'appelle La Flotte Perdue, sur une guerre intersidérale avec des vaisseaux qui font "pew-pew-pew", et ou un mec qui à été cryogénisé pendant 100 ans défonce tout le monde avec une flottille pourave grâce à la puissance de la stratégie. C'est très drôle, surtout les combats spatiaux à base de "on lance des attaques qui vont à la vitesse de la lumière, et on se chie dessus en attendant les résultats du sonar pourri qui annonce si on a touché".

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kakkhara

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Envoyé par kakkhara le Dimanche 25 Janvier 2015 à 20:17


Elric ça dépend des passages quand même, le début est horriblement mal écrit. En revanche dans l'ensemble c'est une très bonne saga, même si je préfère Hawkmoon, mieux écrit. Je n'ai pas lu Corum. Il parait que Mother London est très bien, effectivement.

Vu les livres évoqués plus haut, vampire2, je te suggère le cycle de la compagnie noire.

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