Wilco - Yankee Hotel Foxtrot
Cet album est présenté ça et là comme un des albums de la décennie, assomptions que j'accueille avec un mouais perplexe.
Ce n'est pas que la country-pop de ces américains soit mauvaise, loin de là, mais il n'y a pas la petite touche de génie qui fasse entrer Yankee Hotel Foxtrot dans les grands albums.
Globalement on a une pop-rock agréable et assez intelligente, qui si elle est basée essentiellement sur du piano/guitare fait aussi la part belle à diverses instrumentations à base de steel guitar et d'électronique. C'est sympa quoi.
Mais la plupart des chansons ne décollent jamais vraiment. Il y a l'ambiance country/pop, mais il manque le refrain accrocheur, le riff qui tue, la progression musicale, bref le petit truc qui fait l'intérêt d'une chanson. Il y a bien quelques éléments bien trouvés comme le refrain de Reservations ou la fin de Poor Places, mais dans les deux cas on manque le décollage de peu. A noter pas mal de bruitages électroniques qui donnent un vague sentiment de prétention que c'est de la musique expérimentale alors qu'en fait non.
Bref ma critique peut donner l'impression d'un album assez plat, mais c'est sans compter les deux montagnes qui le dominent de toute leur hauteur, et qui échappent au sorte de marasme que j'ai décrit plus haut, il s'agit de "I am the man who loves you ", chanson qui doit son énergie lumineuse autant à son chant addicitf qu'à la guitare électrique hargneuse qui délivre des solos country-rock du meilleur tonneau; et de Radio Cure.
Radio Cure est un ovni qui ne sonne comme rien d'autre dans l'album. La guitare égrene des arpèges simples qui forment une sorte de filet d'eau qui supporte une chanson dépressive et infiniment belle. Si il ne devait y avoir qu'une raison d'écouter cet album, ce serait celle-ci.
Aaron - Birds in the storm
Si, rappelez-vous, Aaron c'est le groupe qui vous avez fait sentir quand même un peu moins honteux de la musique française quand leur premier album est sorti en 2007, avant de vous rendre compte que c'était sans doute parce que le chanteur était à moitié américain.
Avec Birds in the storm, ils ont voulu sortir du style piano-rock qui constituait quasiment l'essentiel de leur opus éponyme, suivant sans doute l'irrépressible besoin de changement qui prend beaucoup de groupes quand il s'agit de sortir un nouvel album (mais pas AC/DC). La rupture a des bons et des mauvais aspects.
Premièrement, on ne retrouve pas l'implication émotionelle qu'on a dans le premier album. Celui-ci était rempli de chansons dépressives d'une intensité impressionante: U-Turn, Blow, Lost Highway, etc
La première chose qu'on fait au premier passage de Birds in the Storm c'est de chercher instinctivement les chansons qui nous plongeront dans le même état que ces morceaux, et on cherche en vain. Même si la formule piano+voix n'est pas totalement abandonnée, aucun des titres qui en sont pourvus n'ont une puissance équivalente.
Heureusement, la diversification des instrumentations a aussi ses bons côtés: la batterie et la guitare électrique se font plus présentes, et souvent avec succès, comme sur la très réussie Arm your Eyes. Mais le plus frappant, c'est qu'on arrive à avoir certains morceaux optimistes et joyeux. L'exercice leur réussit plutôt bien, et reste malgré tout cohérent avec l'identité du groupe.
Bon la plupart des chansons ne sont pas terribles quand même, même si plus variées. Les innovations intrumentales ne touchent pas toujours juste, on a par exemple un horrible son disco sur le refrain de la chanson éponyme.
Bref Birds in the Storm n'est pas un mauvais album mais il ne réussit pas vraiment à se hisser à la hauteur de son prédecesseur. Aaron a voulu montrer qu'ils n'étaient pas réductibles à piano+voix et s'en sortent de façon assez mitigée.
Je note quand même que le titre d'ouverture, Ludlow L, est éligible au titre de meilleure chanson du groupe, tellement ce long crescendo soutenue par une ligne de basse sursaturée est efficace.
Scars on Broadway
J'avais perdu de vue les membres de System of a Down depuis leur hiatus, et je me suis décidée à voir ce que devenait le guitariste Daron Malakian. Scars on Broadway est donc le nom du premier album éponyme du groupe qui lui sert de projet solo.
Ca fait assez plaisir de retrouver l'ambiance SOAD qui est bien présente, avec des titres complétement barrés comme le génial Stoner Hate (California's been invaded by a hippie psychopath!! ). Malakian n'a pas perdu de son énergie.
Globalement je rapprocherais l'ambiance de l'album de celle du dyptique Mezmerize/Hypnotise, c'est à dire faisant beaucoup plus la part belle aux mélodies que les anciens opus du groupe. Ca tombe bien me direz-vous, c'est ce que SOAD a fait de meilleur! Oui, mais, ce qui faisait de Mezmerize et Hypnotize une oeuvre si exceptionnelle était un subtil équilibre entre la mentalité déjantée et sauvage d'une horde d'ostrogoths sous acide et l'élaboration de mélodies sublimes et cristallines.
Sur Scars on Broadway on a surtout l'emphase sur les grands refrains bigger than life, rapprochant un peu le contenu des productions un peu insipides qu'on peut voir ça et là dans l'univers du punk et du métal teenage. Il manque l'alchimie qui émergeait du duo Tankian/Malakian et ses chants polyphoniques superbes.
Cependant Scars on Broadway même s'il pêche par moments par excès de grandeur contient pas mal de choses intéressantes. Je mentionnerais juste Chemicals qui fait un peu ovni avec ses couplets parlés et le titre de clôture They Say qui comporte une guitare solo mono-note frénétique comme je les adore.
A défaut de vraiment révolutionner le monde, ça reste un disque de rock de très bonne facture si vous avez envie de décibels.
[ Dernière modification par gedat le 30 nov 2010 à 02h08 ]