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xJeliel

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Envoyé par xJeliel le Dimanche 14 Décembre 2008 à 20:58


Bon alors j'ai lu le texte de Lord_Darkmore, c'est assez sympa mais je suis pas fan des descriptions dans ce style (je te rassure je déteste les descriptions de lieux de tolkien ^^'). Sovelis pas encore eu le temps de lire (surtout D&D), et pour jb90, je me demande si il existe un topic "blagues" ? je crois que oui.


Lord_Darkmore

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Envoyé par Lord_Darkmore le Dimanche 14 Décembre 2008 à 21:28


Je poste aussi le chapitre 1, car le prologue n'est pas à 100% représentatif du reste. Par contre, je ne suis pas certain que vous aurez tout de suite le chapitre 2...

Chapitre 1
Alnyrie



La ville brûlait.
Awydelyn serra plus fort la main de son frère, dont le regard se durcissait peu à peu. Elle aimait le regard bleu-nuit de Cyrian, mais cette nuit-là, les reflets des flammes dans les prunelles du jeune homme l’effrayaient. Sentant la détresse de sa sœur, celui-ci lui déclara de sa voix grave :
« Nous reviendrons. Nous nous vengerons et nous les vengerons tous. Il faut partir maintenant. La lumière du brasier doit être telle que nos silhouettes pourraient se découper sur la crête. »
Toute volonté bannie, elle suivit son frère qui repartait d’un bon pas vers les ténèbres de l’est du pic. La route se perdit peu à peu dans les fourrés, et Cyrian dut bientôt dégainer son kytan* pour se frayer un passage à travers la végétation. Awydelyn se mit à repenser aux événements de la journée. Mal lui en prit, car les images lui revinrent dans toute leur horreur, avec une multitude de détails dont elle se serait bien passée.

Depuis deux ans déjà, les Cités d’Alnyrie étaient la proie des navires de guerre oxittans, mais jamais la commanderie impériale n’avait constitué une telle menace. Une flotte de dix mille nefs de guerre s’était abattue sur les rivages de Marnallia, la plus grande île d’Alnyrie. La flotte corsaire du Lordwal* Sarmelan n’avait pu réagir à temps pour empêcher le débarquement de cinq mille combatters*, chacun ayant sous ses ordres une centaine de kabalars*. A présent, même Melarkanor, la capitale, était menacée.

Awydelyn et Cyrian vivaient à Yrkaïa, une grande cité portuaire à cent dix kilomètres à l’ouest de la capitale, enfants d’une grande famille de la ville. Leur père, Dalgan Aresta, était combatter sur le point de recevoir une promotion qui aurait fait de lui un capitan*, l’équivalent sur Walren d’un général d’armée. Leur mère, Lella Melanysta, était issue d’une famille de la petite noblesse. Ils formaient un couple heureux avec leurs deux enfants de quatorze et seize ans. Awydelyn était une jeune fille effacée aux longs cheveux noirs qui lui retombaient sur les épaules, au visage encore juvénile malgré la flamme qui brûlait dans ses yeux. Son frère Cyrian, lui, avait déjà atteint sa pleine maturité – il était d’ailleurs fréquent de le rencontrer en ville en compagnie de son père qui lui apprenait les rudiments de son métier, ou encore avec l’une des innombrables jeunes filles nobles qui le considéraient comme l’un des meilleurs partis de la ville, ce en quoi elles n’avaient pas tort. Intelligent et travailleur, il excellait dans tout ce qu’il faisait. Sa beauté et sa gentillesse n’étaient point de reste, et même le Seigneurin de la ville le connaissait de réputation, ce qui n’était pas peu dire.
Mais toutes ces choses, depuis les promenades sur les quais ou dans les parcs fleuris jusqu’aux études dans les salles de la maison du Quartier Haut de la ville, disparurent un beau jour du mois de Salvatt* de l’an 1542…

Au beau milieu de la nuit, la flamme rouge du phare d’Ystalmar avait jailli, éclaboussant comme de sang les murs d’Yrkaïa. C’était le signal d’alarme le plus grave : la dernière fois qu’il avait été employé, deux ans avant la naissance de Cyrian, il avait annoncé la venue d’une gigantesque vague glacée couronnée d’écume qui avait presque anéanti le port et la ville basse.
Les membres de la maisonnée s’étant précipités au sommet de la tourelle de leur manoir, ils avaient vu, comme dans un rêve, la mer se couvrir de petits points dorés, tandis que les cloches de la ville se mettaient à sonner à toute volée.
Alors que les flammes des tours d’alarme s’élevaient afin d’annoncer la nouvelle à Melarkanor, un coursier rapide était venu chercher Père, qui devait être chargé de la défense de la ville. Dalgan avait à peine eu le temps d’embrasser sa femme avant de devoir partir.
Il était revenu très rapidement – trop rapidement. Alors que les bruits sourds du combat s’intensifiaient peu à peu, un combatter était arrivé sur son kabal*, un mammifère de Walren ressemblant à un cheval, et avait demandé à voir Mère. Ils avaient conféré un moment à voix basse, puis les yeux de Lella s’étaient remplis de larmes. Un chariot avait ensuite amené la dépouille de Père. Awydelyn se rappellerait toujours ce visage, serein même dans la mort, encadré par ses longs cheveux noirs. N’eût été la fleur vermeille qui s’épanouissait sur sa poitrine, on eût dit qu’il dormait. Reposant à côté de lui, son dayash* et son pectoral, percé d’un trou, si petit… A l’évocation de ce souvenir, une larme fugitive perla dans l’œil d’Awydelyn.
Puis Mère s’était levée, et on lisait la détermination dans ses traits. Elle appela Lenyon, leur vieux cocher, qui fit apprêter la voiture. Alors que les valets harnachaient les kabals, elle avait tendu à Cyrian les armes de la famille, kytan* et vakisas*, en disant :
« Puisses-tu en être aussi digne que ton père. »
Awydelyn se souviendrait toujours de ces mots, car ce furent les derniers qu’elle prononça. Ils montèrent dans la voiture et Lenyon les conduisit vers le cimetière, à l’est de la ville. Mais alors qu’ils arrivaient au Quartier du Silence, une pluie de projectiles de ketalpatt* s’était abattue autour d’eux, et un détachement de soldats impériaux armés de katchas*, des haches de lancer très légères et d’une mortelle précision, avait jailli d’un bâtiment. Awydelyn n’avait alors dû la vie qu’aux excellents réflexes de son frère qui avait dégainé le kytan de son père, avec lequel il avait tranché le harnais de l’un des kabals sur lequel il avait bondi, attrapant sa sœur au passage. Elle avait entendu le sifflement des katchas que l’on lançait et les hurlements de douleur de Mère et de Lenyon, avant que le vent ne siffle à ses oreilles. C’était la dernière fois qu’elle voyait ses parents. Les larmes coulèrent sur ses joues.
S’en était suivie une folle cavalcade dans les rues de la ville, jusqu’à une porte dont seuls subsistaient les montants, qu’ils parvinrent à traverser en semant de justesse un autre groupe de katchar*, puis dans la campagne alentour. Cependant le kabal s’était effondré au bout de quelques kilomètres, les désarçonnant tous deux. Ils s’aperçurent alors que leur animal avait été blessé par une katcha et qu’il ne pouvait plus suivre ce rythme effréné de course. Cyrian l’avait pansé comme il le pouvait, puis ils avaient continué leur route, Awydelyn tenant le kabal par la bride. Il était cependant trop tard, la bête avait perdu trop de sang et avait péri alors qu’ils entraient dans la montagne.

« Tu penses à Père et Mère ? »
La voix de son frère la fit sursauter. Awydelyn, perdue dans ses pensées, n’avait pas vu Cyrian revenir sur ses pas pour l’aider à traverser un passage difficile. Ils avaient quitté la route principale peu après la mort de leur monture, le garçon ne voulant pas être intercepté par des éléments avancés de l’armée impériale, et ils empruntaient à présent de vieilles voies remplies de broussailles.
« Il y a une cabane de bergers devant, après cet éboulis. On pourra y passer la nuit, et avec de la chance on y trouvera à manger et des vêtements chauds. Si tout va bien, nous arriverons après-demain en fin de journée, » reprit Cyrian. « Si tout va bien… »
Il n’osait pas formuler à haute voix la crainte que tous deux avaient d’être précédés au col par les forces de l’Anorys Valokar Maralej et de ne rien pouvoir faire pour se mettre en sûreté.
Awydelyn opina. Ils auraient besoin de fourrures pour traverser les deux cols sur la route de Melarkanor, car bien que ce fût le milieu de l’été, Walren était une planète froide. A deux cents kilomètres au sud d’Yrkaïa commençait en effet la banquise permanente.

La traversée de l’éboulis fut pour eux une redoutable épreuve. Les pierres roulaient sous leurs pas et un vent glacial s’était levé, menaçant de les jeter tous deux dans le ravin ou de faire basculer d’énormes quartiers de roche juste en surplomb. Finalement ce n’était pas plus mal que le kabal n’ait pas survécu, étant donné que jamais les deux enfants n’auraient pu lui faire passer un tel endroit. Ils finirent néanmoins par réussir leur passage, et se dirigèrent vers la bergerie dans l’espoir d’y recevoir de l’aide.
Leur déception fut grande lorsqu’ils trouvèrent la cabane vide. Explorant les lieux, ils dénichèrent néanmoins deux vieilles fourrures mangées par les mites, mais qui pourraient néanmoins suppléer à leurs vêtements, ainsi qu’une petite réserve de bois malheureusement trop humide pour en tirer une flamme, malgré toutes les tentatives du garçon. Epuisés, affamés et frigorifiés, ils parvinrent néanmoins à s’endormir d’un sommeil de plomb.

Awydelyn et Cyrian se réveillèrent au petit matin en sentant une délicieuse odeur de nourriture. Ils s’aperçurent qu’on les avait recouverts d’une épaisse couverture et qu’on avait déposé deux bols de lait et des morceaux de fromage auprès d’eux. Sortant de la cabane la bouche encore pleine, ils tombèrent nez à nez avec un vieux berger et ses chiens.
« C’va mieux les p’tiots ? J’rentrions d’là haut et v’là-ti pâ qu’mes chiens s’mett’ à aboyer. V’z’avez d’la chance, sinon j’s’rions point passé. J’entr’, et kéq’j’vois ? Deux môm’ transis qu’ont rien sur eux, pâ mêm’ un manteau ou une couverture pou’s’protéger. Quéq’y v’z’a pris par c’temps ? »
Un peu pris au dépourvu par la verve du vieil homme, Cyrian et Awydelyn expliquèrent leur situation au berger.
« Nan, c’t’y pâ vrai ? La vill’ qu’a été détruit’ par ces loups ? Z’ont pâ assez de nos bâtiaux qu’y coul’ sans vouloir en plus nous prend’ nos terr’ ? Nan mais j’sens qu’j’vâ y r’tourner dans mes montan’, mâ ! Et vous, p’tiots, v’f’riez mieu’ d’fair’ pareil, y s’arrêt’ront pâ là ! »
Les deux enfants remercièrent le vieil homme mais tinrent à poursuivre leur route. Le berger les laissa alors repartir, mais tint absolument à leur offrir une foule d’objets utiles, depuis des vêtements chauds jusqu’à de la nourriture, en passant par un allume-feu et une hachette.
« C’pour vous l’z’enfants, j’en avions d’autr’ à la maison, et ça v’s’ra plus utile. Nan nan ! Gardez votr’ argent, v’z’aurez plus b’soin qu’moi ! »
De fait, Cyrian possédait quelques ryvnar* d’argent dans sa bourse, mais le vieux les refusa. Après leur avoir fait ses adieux, le berger reprit le chemin des alpages tandis que Cyrian et Awydelyn se dirigeaient vers le premier col. Au détour du chemin, ils virent enfin ce premier obstacle.

Des paysages grandioses s’étalaient sous leurs yeux dans la claire lumière du matin. Il avait neigé sur les sommets durant la nuit, et la couche blanche étincelait sous les rayons du soleil. Le col, visible à la trouée de la route principale dont la fréquentation avait changé la neige en boue, était la seule tache dans ce paysage digne du pinceau d’un peintre. Le col était aussi le premier véritable obstacle sur leur chemin. Ils auraient non seulement à affronter les éléments, mais ils devraient aussi retourner sur la route principale où ils pourraient être attaqués à tout instant par les forces hostiles de la Commanderie Impériale si elle tenait déjà les lieux.
« Béni soit ce berger qui nous a offert de quoi résister à la morsure du froid, fit Cyrian.
- A propos, répondit sa sœur, nous n’avons même pas pensé à lui demander son nom, au cas où on le reverrait…
- Crois-tu qu’il nous l’aurait donné ? Je ne suis même pas certain qu’il en ait un, de toute façon. Allons-y, nous avons encore une longue route à faire, surtout si nous voulons dormir à Fort Marys ce soir. »
Et joignant le geste à la parole, il reprit le sentier qui bientôt se perdit dans les vertes frondaisons des conifères. L’air frais sentait bon l’humus et la résine, et la douceur du vent et les chants des oiseaux eurent tôt fait de les revigorer, ce qui fit qu’ils atteignirent le col avant midi.

L’endroit était désert. Pas un animal ne courait sur les rochers, et nul ne survolait les cimes, hormis le vent qui hurlait comme une meute de loups entre les sommets blancs, soulevant une fine poussière de neige qui brillait dans le ciel clair. Mais alors que Cyrian et Awydelyn approchaient des deux gigantesques statues de pierre gardant le col, le vent lui-même se tut, laissant place à un silence oppressant, presque douloureux, comme si une menace planait dans l’air immobile et lourd comme à l’approche d’un orage. Finalement les deux enfants durent même enlever leurs fourrures tant ils avaient chaud.
Ils s’avancèrent doucement, conscients qu’ils pourraient mourir en un instant si un arblestar* ou un katchar s’était embusqué sur le piédestal des colosses de granite. Cyrian finit par demander à sa sœur de rester en arrière alors qu’il partait en reconnaissance. Plus aucun son ne troublait le lourd silence, hormis une sourde rumeur au loin, dont les enfants ne savaient identifier l’origine. Peut-être était-ce l’orage qui approchait, peut-être était-ce tout autre chose. Quoi qu’il en soit, le garçon prit garde à ne faire aucun bruit qui pourrait dévoiler leur présence lorsqu’il poursuivit seul le chemin.

Soudain, Cyrian fit rouler une pierre sous lui. Le caillou rebondit, faisant à lui seul un vacarme épouvantable répercuté dans toute la vallée silencieuse.
Persuadé que sa dernière heure était venue, le garçon se jeta à terre, s’attendant à tout moment à être traversé comme son père par le dard d’une arbleste et sa vie soufflée comme la flamme d’une bougie. Les échos de la pierre délogée finissant sa course s’éteignirent, et le silence revint, plus oppressant que jamais.
Cyrian attendit encore de longues minutes avant d’oser recommencer à bouger. Il rampa doucement vers le piédestal de la première statue. Rien ne se produisit. Guère rassuré cependant, il poursuivit sa progression. Il finit enfin par atteindre son but sans autre problème, et entreprit d’en faire le tour aussi discrètement que possible. C’est alors qu’il vit, baignant dans leur sang, les cadavres des deux gardes alnyriens qui surveillaient habituellement la passe. Funeste présage ? s’interrogea le garçon. Il finit son exploration des lieux pour constater qu’ils étaient déserts. Quoi, toutes ces frayeurs et finalement aucun danger ?
Il fit signe à sa sœur de venir, et elle le rejoignit avec autant de précautions que celui-ci en avait pris, mais ne put elle aussi que constater de visu que l’endroit était vide.
« Je ne me sens quand même pas tranquille. Il y a comme une menace qui plane dans l’air. Partons d’ici, vite !
- Oui, mais auparavant je vais fouiller les gardes. Il se peut qu’ils aient quelque chose d’utile avec eux, proposa Cyrian.
- Tu vas toucher ces cadavres ? s’inquiéta Awydelyn.
- Ne crains rien, la neige qui est tombée les a préservés du pourrissement et des insectes. Je ne pense pas risquer grand-chose. »
En fait, de tout ce que Cyrian découvrit sur les cadavres, seuls les armes et l’argent lui semblaient utiles. Ils récupérèrent ainsi une arbleste et ses dards, et le dayash du kabalar. Awydelyn prit aussi un ketar*, sorte de dague courte et effilée, qu’elle attacha à sa ceinture, ayant laissé le sien à Yrkaïa.
« Tu ne trouves pas étrange qu’il reste tout ça sur les gardes ? Normalement ils auraient dû avoir été dépouillés par celui qui les a tués… fit-elle.
- Ce n’est pas normal, je te l’accorde. Mais on va profiter de l’occasion. »

C’est de l’autre côté du col que l’explication du grondement se dévoila. De la passe, ils voyaient toute la vallée jusqu’au second col, et la vision qui s’offrait à eux était loin d’être réconfortante.
Au sommet du second col se dressait le grand castall* de Fort Marys, dernier bastion de Melarkanor face à une invasion venue de l’ouest de la ville. Et une armée énorme se massait à son pied. La voie de la capitale était coupée. Les enfants arrivaient trop tard.
A ce moment, le vent se remit à souffler, soulevant la neige et la faisant tournoyer, forçant Cyrian et Awydelyn à remettre les fourrures. Mais au même instant ils purent voir, comme sur un jeu de miniatures, l’armée s’ébranler. Tout d’abord, les ketalpatts envoyèrent leurs fines traînées de flammes sur les murs et les toits, dans les cours et sur les chemins de ronde de la forteresse. Puis une première vague d’infanterie protégée par de grands bucillars* et portant un lourd bélier, ce qui la faisait un peu ressembler à une tortue. Les assaillis ripostèrent par une volée de flèches et de dards qui obscurcit un instant le ciel, mais les soldats impériaux continuèrent à avancer. De la fumée s’éleva du donjon de Fort Marys, alors que les défenseurs tiraient une seconde salve de projectiles.
Awydelyn et Cyrian, subjugués, virent la défaite de la garnison, comment une fois la porte enfoncée, des kabalars s’étaient introduits dans la première cour tandis que des lanceurs de katchas nettoyaient méthodiquement les chemins de ronde. Comment le donjon en flammes s’écroula sur les défenseurs qui se rassemblaient dans la grande cour, comment les derniers soldats qui s’étaient réfugiés dans la tour Est avaient été enfumés, puis abattus lâchement, tout comme ceux qui s’étaient rendus. Le castall fut ensuite livré aux flammes. Toute la bataille avait duré moins d’une heure.

« Bon, j’espère que le spectacle vous a plu, car c’était le dernier que vous verrez. Emmenez-les. »
Awydelyn et Cyrian sursautèrent et regardèrent autour d’eux, pour constater qu’ils étaient cernés par huit hommes portant le tabard des esclavagistes de Sanalla, sans compter celui qui avait parlé, un gaillard énorme qui devait être l’un de leurs chefs. Les deux enfants avaient entendu parler de ces pirates sans foi ni loi qui traînaient toujours dans le sillage des armées impériales à la recherche d’esclaves. On les disait cruels et vicieux. Cyrian comme Awydelyn savaient que leurs chances de survie dans les camps de Sanalla étaient nulles. Aussi, d’un commun accord, ils tirèrent leurs armes.
« Parce que vous croyez que vous me faites peur, avec vos cure-dents ? Laissez-les moi, j’ai envie de m’amuser. » ajouta-t-il alors que ses hommes de main avaient déjà dégainé leurs septars*, sortes de cimeterres recourbés.
« Je vais même vous faire une fleur. Si vous réussissez à me désarmer, je vous laisserai repartir… peut-être ! » dit-il en éclatant d’un rire sans humour.
Il fit alors jaillir de son fourreau un septar énorme, tellement lourd qu’il aurait fallu de l’aide à Cyrian pour le soulever, et en porta un grand coup de taille avec une vivacité surprenante compte tenu de la dimension de son arme. Awydelyn esquiva et Cyrian tenta de parer le coup, mais il fut jeté à terre, le kytan arraché des mains par le coup monumental. Awydelyn tenta de le percer de son ketar, mais le pirate réagit à la vitesse de l’éclair et lui saisit le bras. Cyrian, encore à moitié sonné, récupéra son arme et revint à l’assaut, mais il dut se baisser pour éviter le retour de la lame géante, qui à sa grande horreur frappa Awydelyn !
Persuadé que sa sœur avait été tuée, il se jeta dans les jambes du pirate et porta un coup d’estoc. L’homme ne réagit pas assez rapidement et prit la frappe au point sensible. Il tomba lourdement sur Cyrian, lâchant son arme sous l’effet de la douleur. Le jeune garçon poussa un hurlement en recevant ce poids sur ses côtes qui craquèrent, puis il sombra dans le bienheureux oubli de l’inconscience.

Lorsque Cyrian se réveilla, il s’aperçut tout de suite qu’il était en mer. Le balancement régulier qui agitait sa couche ne pouvait provenir que du mouvement des vagues. Surpris, il regarda autour de lui. Il était seul dans une grande cabine, probablement celle d’un officier au vu des différents objets qui l’entouraient. A côté de lui se trouvait une autre couchette aux draps défaits.
Il se redressa et ne put réprimer un cri de douleur lorsque ses côtes bougèrent. Aussitôt une porte s’ouvrit sur un homme vêtu de la robe blanche des guérisseurs, suivi par un autre personnage que Cyrian reconnut tout de suite comme étant le responsable de son état. Pris d’une ire violente envers celui qui avait tué sa sœur, il chercha des yeux une arme, mais son mouvement s’interrompit dans un terrible élancement, et il reperdit connaissance.

Lorsqu’il s’éveilla à nouveau, il faisait nuit. Une légère brise agitait le navire et le grincement des bordages faisait une musique agréable qui l’emplissait de quiétude. Quelqu’un dormait paisiblement dans l’autre lit, et il tenta de se redresser plus doucement pour distinguer l’identité de cette personne, mais à peine avait-il tenté de se relever que la douleur lui refit perdre conscience.

Il eut ainsi plusieurs brèves périodes de lucidité, durant lesquelles il ne parvint pas à déterminer l’identité de son voisin ni l’endroit où il était. Il revit plusieurs fois le guérisseur, mais celui-ci était muet comme une tombe, et la plupart du temps, lorsqu’il tentait de parler, d’atroces douleurs lui vrillaient le poumon et il s’évanouissait à nouveau.

Puis un jour, il revit le pirate. Il renonça à chercher à le frapper, il se sentait trop faible pour bouger. Mais ses poumons allaient mieux, et il tenta au moins d’en apprendre un peu plus. Aussi souffla-t-il à l’homme :
« Où suis-je ? Qu’allez-vous faire de moi ? Je suppose que vous ne me faites pas soigner pour me tuer juste après…
- En effet. Tu es à bord de l’Arkren, mon vaisseau, et nous faisons en ce moment même voile vers Tanrella. »
En entendant le nom du navire, il connut enfin l’identité de son interlocuteur : c’était le Lérod* Van Alsin, le bras droit du maître des pirates Van Yakin. Sa tête retomba lourdement sur l’oreiller.
« Ne t’inquiète pas, petit, il ne te sera fait aucun mal. Je désire juste montrer à mon seigneur les deux jeunes gens qui ont réussi à me vaincre. »
En réponse à son air surpris, il ajouta :
« Oui, ta sœur est vivante. Je ne sais comment elle a fait, j’étais persuadé de l’avoir coupée en deux. Mais elle t’expliquera ça mieux que moi. Je vais la chercher.
- Plus tard, dit alors le médecin, parlant pour la première fois en présence du garçon. Il a encore besoin de repos. Il aura tout le temps durant les trois semaines de voyage qu’il nous reste à parcourir.
- Dans ce cas, désolé Cyrian. Elle viendra dès que ce tyran l’y autorisera. »
Le médecin lui jeta un regard noir, mais celui-ci l’ignora.
« Toujours est-il que vous n’auriez eu aucune chance de survie si vous étiez restés dans la région. Melarkanor a brûlé jusqu’aux fondations, votre couard de Lordwal* Sarmelan a été contraint de se réfugier à Mavalnie, et il ne laisse aucun navire approcher – surtout le mien. Les soldats de l’Anorys incendient et pillent tout le pays, et deux enfants seuls n’auraient jamais pu échapper aux massacres. C’est aussi pourquoi je vous ai pris avec moi. Vous n’avez rien à craindre en ma présence. Je dois te laisser à présent. » ajouta-t-il alors que le médecin lui faisait signe de quitter la pièce, et il se dirigea vers la sortie d’une curieuse démarche, probablement liée au coup qu’il lui avait porté, supputa le garçon.

Ce ne fut que dans la soirée qu’Awydelyn fut admise dans sa cabine. Elle lui apportait des fruits et un bouillon chaud que Cyrian engloutit en moins de temps qu’il ne fallait pour le dire tant il était affamé.
« J’ai eu si peur, commença-t-il. Je l’ai nettement vu te porter ce coup, et lui aussi était persuadé de t’avoir coupée en deux.
- Je ne sais pas. Tout ce que j’ai vu, c’est un éclair métallique, et j’ai senti une douleur terrible qui a irradié dans tout mon corps. Tout est devenu noir. Mais quand j’ai rouvert les yeux, je ne sentais plus rien, à peine un élancement aux côtes. Alors je l’ai vu te tomber à genoux et lâcher son arme, et j’ai saisi l’occasion. Il a tenu ses promesses. Il a dit qu’il nous laissait libres de nos choix, qu’il allait te faire soigner, et qu’il pourrait même facilement nous trouver une bonne place dans sa bande. Il paraît que personne n’avait jamais réussi à le désarmer avant nous.
- Que s’est-il passé ensuite ?
- Nous sommes revenus à Yrkaïa le lendemain, où le médecin du bord t’a soigné. J’étais très inquiète pour toi, tu n’avais pas repris connaissance.
- Combien de temps suis-je resté évanoui ?
- Presque une semaine, si on compte les brèves périodes où tu reprenais conscience ces deux derniers jours. Trois jours après notre arrivée à Yrkaïa, qui avait été rasée complètement, un messager est allé prévenir Van Alsin, qui comptait nous remettre entre les mains de nos compatriotes comme promis, que les routes étaient coupées pour aller à Mavalnie. Aussi il nous emmène donc vers les Cités en se portant garant de notre sécurité. Il nous a offert les services de trois de ses hommes, qui sont à notre entière disposition. Ils s’appellent Jarvek, Kablek et Kensor. »

Ils discutèrent encore durant une heure, avant que Cyrian ne s’endorme. Sa sœur se releva alors et quitta la pièce. Van Alsin l’attendait dehors. La nuit était tombée, et les étoiles brillaient telles des joyaux sur la voûte noire. Awydelyn les regarda et soupira.
« Les meilleures amies, les seules peut-être, du marin, dit le pirate. Si proches et pourtant si lointaines. Que j’aimerais voir l’un des mondes qui tournent autour d’elles… »
De fait, il existait des moyens de voyager d’un monde à l’autre, utilisés depuis des siècles par des sages de Walren. Ils s’agissait de portails qui reliaient plusieurs mégasphères de l’espace et du temps. Les deux portes connues sur Walren menaient en un monde désertique. Des explorateurs y avaient découvert une multitude d’autres portails menant sur divers autres mondes. Il avait été prouvé que certains de ces mondes gravitaient autour d’étoiles visibles depuis Walren.
Mais les pensées d’Awydelyn voguaient encore sur sa planète. Elle repensait à ce qu’elle avait vécu, et à ce qu’elle ferait si elle retournait chez elle une fois que la guerre serait finie.
« Reviendrai-je jamais ? murmura-t-elle.
- Cela, ce sera à toi de le décider, jeune fille. A toi ou à ton frère. Je vous en fais le serment, une fois que vous aurez été présentés à notre Lérod Van Yakin, je vous mènerai où vous le désirerez, et vous pourrez me le redemander autant de fois que vous le désirerez.
- Je vous en remercie, Van Alsin. »
Se tournant alors vers la mer brillant sous la clarté des étoiles, elle adressa une prière silencieuse à ses parents disparus, puis rentra dans la cabine pour s’endormir d’un sommeil sans rêves.


Glossaire :

Arbleste : Sorte de mini-arbalète tirant des dards très fins capables de percer une armure (porteur : arblestar).
Bucillar : Bouclier tour (pavois) en usage en Oxitann.
Castall : Château fort.
Combatter : Capitaine d’armée. Dirige cinquante à cent cinquante kabalars.
Dayash : La paire de sabres des kabalars corsaires d’Alnyrie. Comprend le Kytan, sabre long, et le Vakisas, sabre court.
Kabal : Cheval alnyrien.
Kabalar : Chevalier. Porte le dayash. Sous les ordres des Combatters.
Katcha : Hache de lancer (porteur : katchar).
Ketalpatt : Engin de siège fonctionnant sur le principe de la catapulte, tirant des projectiles enflammés.
Ketar : Dague longue alnyrienne.
Kytan : Sabre long et tranchant du dayash.
Lerod : Chef pirate.
Lordwal : Titre du Roi Corsaire d’Alnyrie.
Ryvna : Pièce alnyrienne.
Salvatt : Troisième mois d’été.
Seigneurin : Titre de noblesse alnyrien équivalent à celui de margrave (féminin : Seigneurinna)
Septar : Sorte de cimeterre recourbé utilisé par les pirates de Sanalla.
Vakisas : Sabre court du dayash.

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slayer667

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Envoyé par slayer667 le Lundi 15 Décembre 2008 à 20:26


Lord_Darkmore, ton texte est d'une grande qualité, il donne envie de lire et on est engloutis dans l'histoire des les premières lignes ... Deplus tu as une manière d'écrire qui met bien ton texte en valeur, l'histoire semble être bien structurée ( ce qui aide beaucoup quand à la lecture de ton texte ) .Personellement je m'intéresse surtout au travail qui est fait autour de l'histoire, la description, etc... Et il faut dire qu'avec toi je suis comblé !!! Tu m'as même redonner envie d'écrire!

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Envoyé par slayer667 le Lundi 15 Décembre 2008 à 20:56


voila une petite nouvelle (trés courte d'ailleur) que j'ai écrit aujourd'hui, je l'aime bien alors j'ai pensé avous en faire profiter même si c'est un peu brouillon ...

Le vent murmura sur la plaine de Cryde, la vie venait à peine de quitte ce lieux dans un sinistre bain de sang.
Comment croire en la vie, lorsqu’on vient de survivre à un tel carnage ?
Comment peut-on encore sourire après avoir vu autant de frères tomber?

Sadie n’arrivait vraiment pas à comprendre les humains, de toute façon peu lui importait du moment qu’il n’était pas la cible de leurs attaques remplie de haine et de barbarie… Il décida de retourner dans son tunnel, la lumière du jour lui faisait trop mal aux yeux et puis il ne serait pas en sécurité à l’extérieur tant que des humains roderaient non loin de lui.

Sadie retenta une nouvelle percée une fois la nuit tombée, entre temps les humains avaient quitter les lieux en laissant un atroce charnier. Il fallait faire vite, sinon le froid allait avoir raison de lui. Sadi courut dans la neige durcie par le gel ,et s’approcha lentement de ce qui restait du champ de bataille. Il longea prudemment les premiers cadavres durcis par le froid, marcha dans une flaque de sang qui n’avait pas encore gelée … Quelques fragments d’armes et armures plus tard Sadie trouva un cadavre encore chaud et planta ses dents dans la chair couverte de sueur. Il n’appréciait pas particulièrement la chair humaine, comme aucune autre viande d’ailleurs, mais comme la neige avait recouvert toute la plaine et que le sol était gelé il devait se contenter de ce macabre repas …

Sadie avait bien entendu le cris du monstre, hélas le froid avait engourdis ses membres et il n’avait pas eu le temps de bouger que les griffes du monstre se refermait sur lui …

Il n’était pas mort sur le coup, le monstre ne lui avait cassé que quelques cotes. Sadie ne sentait plus le sol sous lui, il comprit alors que el pire allait commencer …

Le monstre l’emmena à son repère pour en faire profiter sa progéniture, qui d’ailleurs était toute excité à la vue de Sadie.

Il est vrai que ce n’est pas tout les jours que les jeunes chouettes mangent de la musaraigne …

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Lord_Darkmore

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Envoyé par Lord_Darkmore le Mercredi 17 Décembre 2008 à 16:57


Merci slayer667.

Ta petite nouvelle n'est pas mal du tout, mais un certain nombre de fautes de français gâchent un peu. Même si je sentais venir la fin, c'est très sympa.

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slayer667

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Envoyé par slayer667 le Mercredi 17 Décembre 2008 à 17:18


merci, Lord_Darkmore !!! Les fautes de français c'est un gros problème mais bon je ne les vois pas alors....

en voila un vieux pas trop travaillé mais que j'aime bien aussi ...


Paradis et Walhalla



Ce silence lourd est interminable qui précède la bataille, les regards vides qui se croisent, beaucoup tomberons, très peu survivrons … Mais la tension ne viens pas de la peur de mourir, ils mourront tous fièrement au combat, ils ne connaissent pas la peur de mourir ! Cette bataille n’est pas une bataille habituelle ou peu importe vraiment qui sera le vainqueur, de cette bataille dépend la survie de leurs familles, de leurs terres et de leur croyances…

Les bardes leurs avaient chantés que la croix n’était que faiblesse et mépris, que jamais elle ne pourrait traverser les fjords et les montagnes et même si elle y parvenait le froid aurait raison d’elle. Mais apparemment les dieux en avaient décidés autrement, la croix se trouvaient en face d’eux avec son armée qui était plus forte que jamais ! Ils auraient dût écouter les sages, s’unir comme ils leur avaient conseillé, mais l’orgueil et la fierté avait eu raison d’eux. Et maintenant il était trop tard, beaucoup de clans étaient tombés … Mais Thor ne semblait pas avoir abandonné, beaucoup de frères étaient venus combattre sous la bannière du Marteau et l’espoir avait repris sa place dans les esprits …

Malgré le froid la puissance de la croix n’avait pas faiblit, peu importe, les clans allaient chanter en latin aujourd’hui cette chanson qui même mettait le doute dans l’âme du soldat le plus vaillant. Et oui malgré les siècles passé à combattre la stratégie de guerre n’avaient pas beaucoup évolué pour les clans, et ce parce que c’était surement la meilleure stratégie… Tout d’abord le nombre ne compte pas beaucoup, ce qui compte réellement c’est d’effrayer les adversaires, et les chansons étaient la pour ça ! C’est vrai qu’il est très effrayant d’affronter un ennemi qui n’a pas peur de mourir…

Un d’entres eux se met à chanter, tous se mettent alors à hurler les mêmes paroles en frappant sur les boucliers le rythme des tambours de guerre … L’assaut ne va pas tarder à être lancer, qui sera vainqueur ? Paradis ou Walhalla ?


[ Dernière modification par slayer667 le 20 déc 2008 à 15h14 ]

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