Magic : The Adventure

Peu après les évènements ayant conduit à la disparition du sinistre Hanel Elimar et l’arrestation de son fils Zalev, Archel s’était plongée dans la lecture des ouvrages de la riche bibliothèque de l’unique maison du petit plan artificiel baptisé le Refuge. Elle y avait acquis nombre de connaissances théoriques, mais lui manquait une approche plus pratique de la structure du temps.
Mais bien sûr ! Jace connaît sans doute un chronomancien qui accepterait de me démontrer tout cela sans tenter de me tuer.
 
Elle partit alors en quête de celui qu’elle considérait comme son “mentor”, et finit par l’apercevoir entrer dans son repaire par l’entrée habituelle. Elle lui emboîta donc le pas et toqua à la fausse porte qui donnait en réalité sur le sanctuaire de Jace situé dans un bâtiment non loin, ce dernier ne tardant pas à lui ouvrir la porte.

Archel ! Je suis heureux d’avoir appris l’arrestation de Zalev, sans qu’aucun de tes camarades ou toi n’aient été blessés. Vous avez fait du bon travail !

Merci Jace ! répondit la jeune femme en arborant un grand sourire. Mais je venais pour tout autre chose. Vois-tu, Elimar était un chronomancien, et éprouver sa puissance n’a fait que renforcer mon intérêt pour tout ce qui touche au temps…

Et tu aimerais que je te recommande un chronomancien qui ne partage pas son goût pour l’expérimentation sur êtres intelligents, c’est cela ? Toujours ce rêve de visiter la Ravnica d’antan à ce que je vois.
Je connais effectivement quelqu’un qui devrait convenir, dont je t’avais glissé un mot l’autre jour. Il s’appelle Téfeiri et vit sur le plan de Dominaria. C’était un arpenteur, mais il a sacrifié son étincelle pour sauver son plan de ce qui ressemblait à des glissements du temps si j’ai bien compris, et depuis il étudie tout ce qui touche à la magie temporelle. Il verra sûrement que tu n’as pas de mauvaises intentions et sera enchanté qu’une jeune femme de ta trempe s’intéresse à son domaine. Tu pourras le trouver à la nouvelle académie de Tolaria.

Merci encore Jace ! lança Archel avant de filer préparer ses affaires pour un séjour sur Dominaria.

Avant de partir, il vaudrait mieux laisser un mot à mes amis pour qu’ils ne s’inquiètent pas, je vais passer faire ça avant.
Ainsi Archel repassa au Refuge, mais personne n’y était à ce moment. Elle laissa donc une note en évidence pour savoir où la trouver en cas de besoin.

---

La nouvelle académie de Tolaria était certes impressionnante, mais tout de même moins que ses deux premières itérations, aujourd’hui en ruines et englouties par les flots suite à quelques lointaines guerres dont les fracas ne résonnent plus que dans les sagas d’anciens héros au courage inébranlable et d’envahisseurs planaires faits de chair, d’os et de métal. Le nom de Téfeiri apparaît d’ailleurs dans ces histoires aux côtés de ceux de ses frères et sœurs d’arme aujourd’hui disparus.
Dans sa recherche du mage temporel, Archel alpagua un homme chauve au teint mat, qui aurait aussi bien pu être un vénérable vieillard sur qui le temps avait glissé qu’un homme dans la pleine force de l’âge. Fidèle à elle-même, elle entra de suite dans le vif du sujet.

Excusez-moi ! Bonjour. Sauriez-vous à tout hasard où je pourrais trouver le mage du nom de Téfeiri s’il vous plait ?

Bonjour jeune femme. Et puis-je vous demander qui vous envoie et ce que vous souhaitez obtenir de ce vieux brigand ?

Un de mes amis m’a conseillé de le rencontrer pour en apprendre plus sur le temps -sa structure, la façon dont il s’écoule et sa magie.

Et si je puis me montrer indiscret, cet ami s’appelle… ?

Euh, Jace, monsieur.

Un jeune homme plein de talent si je me souviens bien ! Mais puisque vous connaissez déjà mon nom, à qui ai-je l’honneur ?

Oh pardon, je n’avais pas encore compris que vous étiez Téfeiri. Je me nomme Archel, jeune arpenteuse et j’aimerais en savoir plus sur le temps afin de visiter l’antique Ravnica, quand la mégalopole qui a donné son nom au plan n’était encore qu’à l’état de quelques modestes villes abritant les guildes et leurs fondateurs initiaux. Promis je ne toucherai rien !

Tu es pleine de vie et de bonnes intentions mon enfant, ton enthousiasme me rassure et me fait plaisir. Très bien, je t’enseignerai le peu que je sais tant que tu resteras à mes côtés, le savoir n’a de valeur que s’il est partagé. Mais avant cela je partais mener une petite vérification sur le terrain. J’ai détecté une signature anormale du côté de l’académie -l’ancienne- et je souhaite m’assurer que tout va bien. Tu peux m’accompagner si tu veux. Et je t’en prie, pas besoin de “vous” entre arpenteurs.

Archel aurait été bien en peine de devoir estimer l’âge de l’homme, aussi ne se formalisa-t-elle pas de se voir appeler “mon enfant”, mais l’idée de voir du pays en compagnie d’un mage d’un tel rang lui plaisait bien. Elle lui fit signe de la tête, et aussitôt Téfeiri sourit avant de les téléporter au-dessus de la mer, à l’endroit exact où jadis une petite île abritait l’une des académies de magie les plus renommées du Multivers. La magie de l’archimage les retenait en lévitation.

Il faudrait que nous puissions aller jeter un coup d’œil directement dans les ruines, sous l’eau.

Je dois pouvoir former une bulle de force autour de nous pour retenir un peu d’air.

Intéressant, je crois voir pourquoi tu comptes parmi les amis du télépathe. Il aime les personnes comme toi -comme lui- : pleines de ressources et de surprises.

Sur ce, Archel se mit à l’œuvre et les deux compères plongèrent explorer ce qu’il restait de l’académie des légendes. Les ruines de l’édifice restaient tout de même impressionnantes, et la magie qui entourait encore les lieux forçait les formes de vie marines à une forme de déférence leur interdisant de coloniser les imposants blocs de pierre. L’ensemble créait un panorama fantomatique, presque irréel, d’un majestueux bâtiment tombé, tout droit sorti du passé mais encore pris dans ses limbes.



Les deux mages arrivèrent bientôt à l’endroit détecté par Téfeiri, et celui-ci remarqua un étrange glyphe qui luisait sur un pan de mur encore debout. L’archimage exposa :

C’est cela qui a dû attirer mon attention. Tu sens la puissance qui se dégage de ce symbole ? C’est une très ancienne magie je pense, qui est restée latente depuis la chute de l’académie.

Je ressens l’énergie qui s’en dégage mais peine à la décrypter. En bref je ne parviens pas à comprendre ce que fait ce sort. Son tissage est incroyablement complexe ! Vous... Tu parviendras à le rendre inoffensif ?

Je ne peux pas laisser ça comme ça de toute façon, il faut essayer.

Le mage commença à se concentrer pour triturer la magie qui composait le glyphe, et Archel ressentit comme une petite secousse des énergies environnantes.

Téfeiri ? Je crois que le sort réagit à notre présence. Il sait que tu essaies de le désactiver et ça n’a pas l’air de lui plaire…

Au moment où Archel prononçait ces mots, les lignes composant la forme physique de la magie commencèrent à se déliter sous leurs yeux, s’étirant et dansant en formant un cercle de lumière qui très vite les entoura, et continuait de grandir à folle allure. Les deux personnages ayant de l’expérience en matière de transplanage sentirent bien vite l’appel d’un autre plan de l’autre côté de ce qui s’avérait être en réalité un portail planaire -une sensation que le vieux mage pensait ne plus jamais connaître.
Mais il sentait autre chose, ce n’était pas uniquement une porte vers l’ailleurs mais également la gueule d’une faille temporelle semblable à celles qu’il avait combattues quelques années auparavant ! Sans doute l’odieuse création d’un mage qui avait cherché à combiner les portails planaires des phyrexians -voilà qui n’était pas sans lui rappeler de bien sombres heures- et du mana en un sort. Sa création inachevée ou inopérante avait dû se trouver modifiée par les failles ayant secoué Dominaria par la suite, et voilà que le mûrissement de cet hybride s’éveillait, sort-vivant mort-né qui cherchait à avaler l’existence autour de lui pour compenser sa vie avortée.



Quoi qu’il en soit, Téfeiri ne disposant plus du pouvoir de transplaner, il ne pouvait pas résister à la terrible attraction qui l’emportait vers un autre monde sans doute figé dans une forme cristallisée de temps et Archel décida qu’elle ne pouvait pas l’abandonner à son sort.

---

Ils rouvrirent les yeux de l’autre côté du portail, dans un monde improbable semblant échapper à toute forme de logique. Ce “plan” pourrait être décrit comme l’intérieur d’une vaste sphère creuse de plusieurs centaines voire milliers de kilomètres, comme si une planète entière avait été retournée sur son envers, si bien qu’aussi loin que portât le regard il n’y avait aucun ciel mais juste de vastes étendues qui finissaient par se refermer au “pôle” opposé. Le portail par lequel ils étaient entrés se trouvait au fond d’un gouffre circulaire -comme un tunnel vers l’intérieur (ou l’extérieur ? ) de la terre- par lequel remontait une cascade qui se scindait en trois fleuves dans les airs. Ces fleuves retombaient mollement sur la roche à plusieurs dizaines de mètres de là, et plutôt que de couler sagement ricochaient en se séparant parfois de nouveau.
Le monde baignait dans la lueur d’un globe suspendu au centre de la large sphère, et ne devait sans doute connaître ni jour ni nuit. En plissant les yeux et en forçant le regard on distinguait un à-pic rocheux qui touchait presque le globe et retombait en s’élargissant de plus en plus jusqu’au niveau du sol sans toutefois le toucher, comme un défi lancé à la gravité. La base de cette montagne flottante paraissait se déplacer non loin de la surface comme un nuage poussé par un vent imaginaire. Des orages de mana pur condensé éclataient çà-et-là sur les versants du pilier, déversant des flots d’énergie brute prête à carboniser d’éventuels alpinistes imprudents et s’évaporant sur les mètres qui suivaient. Cela mis à part, relativement peu de reliefs permanents se distinguaient sur ce monde.
La faune et la flore étaient tout aussi incroyables et semblaient découler de caprices successifs d’une évolution totalement aléatoire. La description exhaustive des formes de vie de ce plan pourrait occuper d’entières générations de naturalistes sans pour autant parvenir à bout de la tâche, certains individus semblant même les uniques représentants de leur espèce.
Archel leva les yeux vers ce qui tenait lieu au plan de source de lumière et prononça :

Je n’ai jamais rien lu sur un plan qui ressemblerait à cet endroit. Serions-nous sur un nouveau plan créé par le sort ? Dans les Éternités Aveugles ? Encore autre chose ?

Je ne sais pas, mais ce monde est bien étrange, fascinant et effrayant à la fois. Pourquoi fixes-tu ce globe ainsi ? Tu vas finir par te démettre le cou !

Il s’en dégage une forme d’énergie que je n’ai jamais ressentie avant. Une énergie à l’image de ce monde, à la fois immobile et changeante, toute puissante et pourtant étrangement calme. On dirait… L’origine des mondes… Non, la Source du Temps.

Avant que Téfeiri ne puisse réagir, déjà la voix de la jeune femme avait changé et résonnait étrangement à travers l’espace du dôme de pierre, comme si la force habitant le globe luminescent cherchait à parler à travers elle, dans un langage inconnu de toute forme d’existence et pourtant compréhensible.

Puissante. Je veux. Elle. Je l’appelle. Elle doit venir.

Et déjà l’esprit, l’âme d’Archel se trouvaient hors de son corps, hors du temps, dérivant dans une infinité d’une couleur qui n’existait pas. Son corps commençait à s’évaporer, et Téfeiri eut juste le temps de capter des bribes de pensées afin de lancer un appel à l’aide en amont de la ligne temporelle de la jeune femme.

[hrp]

Donc on ne sait pas c'est sortir de quel type de vortex.

Hein ?[/hrp]