Article Magic : Evènements majeurs du Modern

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Evènements majeurs du Modern

Type : Magic Extra

Catégorie :

Posté le 22/06/2014 par moudou

Evènements majeurs du Modern




On ne crée pas un format aussi divers de le Modern en une soirée. En effet, bien que ce format est bien jeune, il a été prétexte à bien des coups de théâtres impressionnants ou très amusants. Que vous soyez nouveaux dans la communauté Magic ou que vous ayez la mémoire courte, en voici les principaux. Cela dit, pour bien comprendre cet article, il vous faudra maîtriser le vocabulaire de base (je mettrai un petit lexique à la fin mais je ne promets rien quant à sa complétude, et je ne présenterai ici aucune liste, si vous ne comprenez pas de quoi je parle, suivez ce lien!) et avoir un minimum d'expérience dans Magic. Merci de votre compréhension



I] Pro Tour Philadelphie, 2-4 Sptembre 2011

Evènement: Ce Pro Tour Philadelphie est le premier grand évènement Modern organisé IRL. Nous sommes en Septembre 2011, les joueurs ont les cartes de New Phyrexia à disposition mais pas encore celles d'Innistrad. Globalement on pouvait deviner, dans la nébuleuse de petits évènements de Modern passés, qu'il n'y aurait que deux archétypes représentés, ou peu s'en faudrait: 12-Post, comme deck à battre de base, et Storm, un des seuls decks capables de battre 12-Post à la course. Pourtant, Brian Kibler va aller jusqu'à s'opposer à ses coéquipiers de Channel Fireball pour construire le premier Counter-Cat, en s'adaptant précisément au métagame précité. Après les tests, les coéquipiers doivent plier le genou: le deck de Kibler est effectivement une alternative très crédible aux decks favoris.
Finalement, Josh Utter-Leyton, membre de Channel Fireball et futur numéro un mondial, finira par faire Top 8 avec ce deck. Mais outre la présence de six archétypes différents dans ce Top 8 (chiffre annonciateur de la diversité à venir du format), dont déjà Affinity et Splinter Twin (dont une liste remportera le PT), l'autre révélation sera Sam Black, deckbuilder de talent, avec un Infect mono-bleu se basant sur Blazing Shoal qu'il avait lui aussi construit lui-même.

Brian Kibler à Philadelphia



Conséquences: Cet évènement a posé les fondations du Modern que nous connaissons aujourd'hui. Tout d'abord, ça a été la base de la grande majorité des bans que nous connaissons aujourd'hui: en effet, les Wild Nacatl, Blazing Shoal, Green Sun's Zenith, Cloudpost, Ponder, Preordain, Rite of Flames et Punishing Fire, même s'ils n'ont pas tous été directement opérés à l'issue même du PT, ont tous été bannis en conséquence (directe ou indirecte) de ce PT. De plus, en introduisant le Counter-Cat, Kibler a posé des bases de construction non-combo (si on considère qu'affinity était à l'époque un deck combo, car il pouvait se permettre d'être encore plus all-in que les versions contemporaines), et le midrange a constitué jusqu'à très récemment la grande majorité des decks du métagame (et il est en train de regagner en puissance progressivement sur les combos à l'heure actuelle).
Voici une Deck Tech de Brian Kibler, dans la création d'un deck dont la structure globale est restée jusqu'aujourd'hui:





II] Grand Prix Lyon, 3-4 Novembre 2012


Evènement: Le format évolue à son rythme, et les responsables font leur possible pour conserver un métagame le plus divers possible à grands coups de bans. Hélas, lentement mais sûrement, ils se dirigent vers un échec qui restera sans doute dans les mémoires de tous ceux qui l'ont vécu. Jérémy Dézani emporte la victoire finale au GP de Lyon. Outre le fait (assez inintéressant dans cet article) que ce soit le premier joueur français à remporter un titre majeur en Modern, il concrétise enfin la domination de Jund, entrevue lors des précédents GP avec un nombre d'adeptes toujours croissant, sur MTGO, et surtout lors de la dernière MWC. Le début d'une longue série, puisque Jund gagnera aussi les trois GP suivants (Chicago, Toronto et Bilbao) et dominera le format de manière incontestable pendant plus de quatre mois.



Conséquences: Durant cette période, le deck Goodstuff écrasera de plus en plus le format, allant jusqu'à monopoliser plus d'un quart du métagame du Day 2 du GP Bilbao. Un deck UW sera monté exclusivement pour contrer Jund et en même deviendra assez populaire, mais même le déban de Valakut (qui engendrera la naissance des decks Scapeshift, dont le MU face à Jund est assez favorable) n'arrêtera pas la progression de Jund. Finalement, en mars 2012, il faudra le ban de BBE pour que Jund chute de son piedestal. La situation restera cependant comme référence à éviter pour les responsables du format. Quelques mois plus tard, Mélira Pod remportera trois titres en quatre GP, mais le deck se contre trop facilement pour s'établir durablement dans le trône laissé vacant par Jund, et le deck n'écrasera jamais le métagame. Les decks Rock (aussi connus comme BGx, avec une base Golgari) resteront comme decks Goodstuff de base, toujours à l'affut pour introduire n'importe quel spoiler et compléter les slots manquants. Ces decks regagneront progressivement en popularité entre Juillet 2013 et Mars 2014 grâce à Scavenging Ooze, mais cette fois, leur domination ne sera pas aussi outrageuse avant le ban de Deathrite Shamane.






III] Grand Prix Kansas City, 6-7 Juillet 2013

Evènement: Mélira Pod a remporté deux des trois derniers GP, mais il semble clair que le deck n'est pas destiné à étouffer le format. Pourtant, l'archétype remportera la victoire ici aussi. Mais la grande surprise ne vient pas de là, mais du finaliste: Joe Hemmann a piloté avec astuce et talent un deck Living End jusqu'au pied de la gloire. Living End est pourtant un deck qui, croit-on, se contre facilement. A tort, nous montre Hemmann, qui en plus, ne perd pas la finale parce que son adversaire était plus fort que lui (enfin peut être que si après tout) mais sur un missplay aussi bête que frustrant (il laisse son adversaire partir en combo avec Finks en oubliant qu'il avait Faerie Macabre en main!). Quelques secondes plus tard, il se cognera la tête sur la table en disant:
I just threw away a potential $1200!

Bon joueur toutefois, il préfèreras en rire qu'en pleurer. Mais le fait est là: Living End a fait finale en GP!



Conséquences: Hemmann a affirmé (et démontré) que peu de monde comprenait vraiment le fonctionnement de Living End. Par la suite, Living End regagnera en popularité et sera désormais considéré comme une vraie menace (et sera deux fois présents dans le Top 8 du GP Anvers). Mais surtout, c'est la diversité à son paroxisme: si ça se trouve, il y a d'autres decks comme ça, avec un potentiel énorme mais que personne n'a pris la peine d'exploiter! Au cours des évènements suivants, on notera l'apparition de plus en plus de nouveaux archétypes plus ou moins sérieux. Le métagame devient dès lors quasiment impossible à cerner.
Living End qui démonte Scapeshift en demie-finale, un résultat sur lequel pas grand monde aurait parié grand chose à l'époque (à partir de 18'42"):






IV] Grand Prix Anvers (Antwerp), 26-27 Octobre 2013


Evènement: Le format évolue tranquillement, et la domination-fantôme de Mélira Pod pendant quelques mois ne l'empêche nullement de se diversifier de plus en plus. Les bans font toujours gueuler autant de monde à chaque fois, mais force est de constater que la politique de la DCI est un succès dans l'optique de la diversité du Modern. Patrick Dickmann, jeune étudiant allemand de 23 ans, remporte le GP Anvers avec son deck Tempo Twin. Rien de bien exceptionnel en soi, si ce n'est que Twin n'était pas spécialement annoncé favori dans le métagame de l'époque (il était absent des Top 8 depuis plus d'un an), et que le parcours de Dickmann était un peu particulier (au lieu d'aller vers un match nul qui lui tendait les bras, son adversaire du Round 15, qui sait qu'il n'ira pas en Top 8 quoi qu'il arrive, préfère concéder pour que Dickmann ait une chance d'en faire partie, ce qui s'est avéré décisif). Non, ce qui en fait un évènement mémorable, c'est la manière dont il a gagné. Son quart, match-miroir, est une boucherie: Dickmann est tout simplement plus fort que son adversaire, allant jusqu'à laisser tomber sa combo à la partie finale pour controler à mort son adversaire. La demi et la finale sont du même goût, et pourtant, Fabrizio Anteri, menant son deck Tron jusqu'en finale, était lui aussi impressionnant de maîtrise. Clairement pas assez pour s'opposer à Dickmann. L'allemand aura donné l'impression d'être tout bonnement invincible durant ce Top 8.



Conséquence: La maîtrise et l'optique control affichées par Dickmann redoreront le blason de Twin et multipliera les version Tempo Twin dans les évènements suivants, et Dickmann sera par la suite regardé avec crainte par les plus grands professionels, à qui ils cassera d'ailleurs les dents avec une maîtrise similaire (Sam Pardee en a fait les frais au PT Valence, en Février 2014, au cours d'une Game 3 où Dickmann aura su faire étalage de tout son talent). Bien sûr, l'introduction d'un nouveau style avec succès souligne encore une fois l'importance de la créativité dans le format (il innovera le TarmoTwin au PT Valence, où il ne finira "que" en Top 4). Mais Dickmann a surtout établi un nouveau type de stabilité, après avoir affirmé en interview s'être entraîné sur plus de mille parties au cours de l'année précédent Anvers. La lenteur et la justesse de ses prises de décision ont fait comprendre aux joueurs de Modern que la victoire est moins dûe à l'expérience du joueur qu'au deck lui-même. Après le ban de DrS, le format ralentira globalement, ce qui emmènera plus de joueurs à jouer selon le style lent de Dickmann.
Voici un lien vers la finale du GP Anvers, que Dickmann aura survolé malgré le talent d'Anteri (justement, lui aussi avait fait preuve de talent pour en arriver là, même s'il a mal joué sa finale, en particulier la G1):





IV] Pro Tour Valence, 22-23 Février 2014


Evènement: Le format rencontre un nouveau tournant très peu de temps après la prestation de Dickmann. Le Pro Tour est le premier évènement majeur Modern depuis le ban de DrS, et les déban de Wild Nacatl et Bitterblossom. On s'attend donc légitimement à un énorme retournement du format, avec des arrivées de jeux Faeries, Zoo et la disparition plus ou moins effective de Rock et Jund. Ces pronostiques s'avèrent tous plus ou moins faux, ça évoluera à son rythme bien sûr. C'est la naissance de Blue Moon qui prend pas mal de monde à contre-pied. Blood Moon avait toujours été une carte redoutée, car comme évoqué précédemment, les bases de mana se basent principalement sur des fetchlands-ravlands, qui ont tendance à imploser gentiment sur Blood Moon. Assez bizarrement, jusque là, on ne l'avait que très peu vue, quelques sides d'Affinity Splinter Twin notamment, les decks Boros Prison s'avèrent trop lents pour le format. La perte du meilleur accélérateur du format est une aubaine, et Blood Moon s'allie à Spreading seas pour dézinguer les bases de mana. MTG Mint Card obtient des résultats assez surprenants avec ce petit archétype, obtenant même une place en Top 8.
Voici une vidéo de présentation du deck, quart de finale du PT où Lee Shi Tian manipule son Blue Moon contre le Splinter Twin d'Ansi Alkio (qui échouera en demies):



Conséquences: Blue Moon ne réitèrera jamais son succès. Le deck se contre trop facilement et le métagame se positionne rapidement pour ne pas avoir à se soucier du deck. Le public a été attentif à ne pas se faire démonter par Moon. Avant, les meilleurs joueurs savaient déjà composer leurs manabases pour ne pas avoir à s'en soucier. Mais la majorité considérait que la formule magique de Brian Kibler était simple. Blood Moon est une des cartes les plus importantes du métagame, et ce même si très très peu de decks Blue Moon passent le premier jour des évènements majeurs. Par rapport aux autres évènements, celui-ci aura eu un impact relativement faible et principalement au récent ban de DrS qui a plongé le format dans un flou aussi total que bref. Néanmoins, Blue Moon reste une référence en termes de menace pour les jeux trop colorés, qui doivent être capables de jouer autour de cet archétype pour être compétitifs.




Bien sûr, rien ne s'arrête là, et l'histoire de notre jeune format continue de s'écrire. J'espère que vous avez apprécié le style et l'apport de ce (trop?) petit cours d'histoire, et que vous me pardonnerez ma sélection: il a fallu choisir entre tous les évènements (sous peine de refaire un coverage de chaque GP depuis 2011!). Alors n'hésitez pas, critiquez, mais n'oubliez pas que ça a demandé énormément de recherche, alors restez respectueux

Et non, je n'oublie pas mes promesses, voici votre petit lexique promis au début, pour les petits débutants.




Lexique




12-Post: Deck mort suite au ban de Cloudpost, il consistait à rassembler autant d'Avant-postes que possible (avec Vesuva et Glimmerpost) pour hardcaster Emrakul tour 4.
BBE: Bloodbraid Elf
Counter-Cat: Deck Zoo 4 couleur monté par Kibler pour le PT Philadelphie. Le jeu Zoo est alors très rapide avec Wild Nacatl et le bleu se justifie par la présence de quatre contres dans son side, d'où le nom du deck.
DCI: Duelists' Convocation International, ce sont eux qui annoncent les bans et débans dans les formats officiels.
DrS: Deathrite Shamane
Finks: Kitchen Finks
Goodstuff: Deck qui rassemble les meilleures cartes de ses couleurs, sans grande considération pour leurs intéractions.
Hardcaster: Lancer en payant sont coût de mana, sans passer par des procéder moins honnêtes.
Midrange: Aggro-Control, soit un mélange de sorts/permanents de contrôle et d'autres à optique plus aggressive.
Match-miroir: opposition contre le même archétype que le deck qu'on pilote.
MU: Match-Up, c'est-à-dire opposition contre un autre deck.

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